mardi 28 juin 2011

Les retraites : à problème simple, solutions simples

Mettons-nous en situation :

   Les actifs paient une cotisation en fonction de leur salaire pour que les retraités touchent leur pension.


Le Problème

   Une forte augmentation du nombre de retraités déséquilibrera le système des pensions de retraite.


Les solutions

Voici les actions évidentes (nous verrons plus loin comment y parvenir) :
 - augmenter le nombre d'actifs
 - augmenter les cotisations des actifs
 - baisser le nombre de retraités
 - baisser la pension des retraités

La "bonne" solution consiste sûrement à mélanger tout ça.

Y a-t-il vraiment un problème ?

Remarquez que la solution la plus simple est de baisser les pensions. Le but des pensions était avant tout d'assurer un minimum retraite. Or aujourd'hui, les cotisations servent à payer des retraites fabuleuses.

L'équilibre est pourtant facile et immédiat à atteindre : zéro euro de déficit. Si le système de retraite n'a pas collecté assez d'argent, un plafond des pensions est fixé de manière à atteindre l’équilibre. Ainsi, seuls les grosses pensions sont pénalisées.


Repousser l'âge de la retraite ?

L'idée semble séduisante : elle augmente le nombre de cotisants en baissant le nombre de pensionnés : tout bénef !

Hélas, repousser l'âge de la retraite transfert les dépenses sociales des retraites vers l'assurance maladie et l'assurance chômage. Les plus de 55 ans sont en effet les plus touchés par le chômage et les maladies.


Importons la main d’œuvre


Pour cela il faudrait inciter l'immigration. Contrairement à ce que croit certains partis à droites (enfin tous, maintenant !), la France n'est pas si attractive qu'il veulent le croire. Avant de "choisir" l'immigration, il faut en avoir les moyens. Pourtant, les pays qui seraient potentiellement intéressant, ont justement une population très jeune. Ce qui augmenterait la population cotisante en France.


Faire travailler l'étranger là où il est

C'est la tactique du Japon et des USA qui ont fortement développé le système par capitalisation. Mais soyons honnête, sur leur territoire nationale, ce système ne fait que reproduire le système par répartition : l'argent des futurs retraités est investi dans des entreprises dont les bénéfices servent à payé les retraites.

Dans un fond de pension, la quantité d'argent entrant (cotisations) et sortant (pensions) se compense. Les bénéfices soutirés aux sociétés servent à compenser l'inflation et à payer les sociétés de gestion de fond de pension.

Indirectement, ce système permet d'externaliser  le manque de cotisants nationaux. En investissant à l'étranger, les fonds exploitent le travail extra-national. Ce comportement fonctionne bien tant que tout le monde ne fait pas de même. Mais si tous les pays se mettaient à ce système, les fonds de pension compenseraient à peine l'inflation, avant paiement du gestionnaire.

Le choix d'un système ou d'un autre dépend de votre niveau de confiance dans des fonds privés ou des fonctionnaires et des politiciens. Charybde ou Scylla ?

La retraite par capitalisation est une perte d'impôts sur les capitaux

Car une retraite par capitalisation, sans défiscalisation n'a aucun sens. Or tous ceux qui le peuvent, épargnent de toute façon. Ceux qui épargnent, pensent utiliser leur argent pour la retraite. (Si vous épargnez pour vos enfants, sachez qu'en moyenne, les français héritent à 55 ans : à cet âge-là, qui a besoin d'hériter ?)

La retraite par capitalisation, sera à la fois ponctionnée par le gestionnaire privé, et générera moins d'impôts sur le capital (de toute façon épargné) et son revenu. Alors que la retraite par répartition assure de toucher une retraite proportionnelle au niveau de vie, au moment où les pensionnés la touche, la retraite par capitalisation est dépendante des marchés, ce qui se traduit par un retard dû à la transmission des crises entre les marchés boursiers et le "monde réel".

Laissons le débat ouvert

Quand Sarkozy s'est attaqué au retraite, nous ne pouvons que constater qu'il s'est d'emblée mis des barrières là où il n'aurait pas dû :
 - il ne voulait pas baisser les pensions : son électorat étant principalement les retraités, il joue la démagogie
 - il ne veut pas augmenter l'immigration : voulant récupérer l'électorat du FN, il joue là aussi la démagogie

Il ne reste alors que les propositions du Medef : ce groupe de lobbying populiste patronale. Ils ont rarement des idées viables et juste. Comme montré plus plus haut, repousser l'âge de la retraite est une fausse bonne idée.
Soyons honnête : le conseil d'orientation des retraites (COR) est majoritairement à droite ; les patrons, les élus de droite (sénateurs et députés) et les "experts" choisis par le gouvernement qui y siègent, sont majoritaires. Le résultat ne peut qu'être celui choisi d'avance par le gouvernement. Le COR ne sert que de caution morale aux plans farfelus pour faire semblant de sauver la retraite, tout en engageant les français vers la privatisation du système de retraite.

D'autres voies sont possibles, comme le départ progressif en retraite : un mélange de temps de travail et de pension de retraite partielle.

Le problème des retraites est l'un des rares cas où la meilleure solution est probablement un mélange de toutes solutions.

lundi 27 juin 2011

De la représentativité de nos députés

Face à certaines lois récentes (comme HADOPI, ou les retraites), nous pouvons nous demander si l'assemblée nous représente réellement.


Nombre de députés par rapport à la population
  • 1958 : 579 députés / population métropolitaine : 44 563 043
  • 1962 : 482 députés / population métropolitaine : 46 422 000 / habitants par députés : 96 352
  • 1967 : 486 députés (+ 1 siège vacant) / population métropolitaine : 49 373 537 / habitants par députés : 101 591
  • 1968 : 487 députés / population métropolitaine : 49 723 072 / habitants par députés :102 100
  • 1973 : 490 députés / population métropolitaine : 51 915 873 / habitants par députés :105 950
  • 1978 : 491 députés / population métropolitaine : 53 271 566 / habitants par députés :108 496
  • 1981 : 491 députés / population métropolitaine : 54 028 630 / habitants par députés :110 037
  • 1986 : 577 députés / population métropolitaine : 55 411 238 / habitants par députés : 96 033
  • 1988 : 577 députés / population métropolitaine : 55 966 142 / habitants par députés : 96 995
  • 1993 : 577 députés / population métropolitaine : 57 369 161 / habitants par députés : 99 426
  • 1997 : 577 députés / population métropolitaine : 58 116 018 / habitants par députés : 100 721
  • 2002 : 577 députés / population métropolitaine : 59 686 000 / habitants par députés : 103 441
  • 2007 : 577 députés / population métropolitaine : 61 795 550 / habitants par députés :107 098
Note : en 1962, l'Algérie devient indépendante. Je n'ai que la population de France Métropolitaine, ce qui fausse les calculs.

Le nombre de député a augmenté en 1986, ce qui a permis d'augmenter la représentativité de l'assemblée nationale. Par contre la réforme de la constitution par Sarkozy de 2008, a introduit une peau de banane : un nombre de sièges fixé à 577. Ceci est totalement absurde, et ne permettra plus d'adaptation sans réforme de la constitution.

Quoiqu'il en soit nous restons pour l'instant en dessous des 110 000 habitants par député de 1981.

Représentation par tranche d'âge


Je vous invite à lire attentivement une étude forte intéressante de Louis Chauvel :
En particulier, en 2007, il s'est passé quelque chose d'inédit : le nombre de député de plus de 60 par rapport au nombre de député de moins de 40 ans est de 9 pour un. Que ce soit dans l'histoire de l'assemblé ou par rapport aux autres pays, où la plupart ont un rapport inférieur à un, ce rapport est exceptionnel.

Même si on regarde la pyramide des âges en France, ce rapport n'est absolument pas justifié.

De la démocratie vers l'auto-satisfactio-cratie

Il n'est pas rare d'avoir certains élus dire qu'ils ont été élus avec plus de 50% des voix, pour justifier de leurs abus. (Comme le dit si bien Zoé Shepard dans "Absolument dé-bor-dée !", certains élus croit que l suffrage universel les rend subitement plus intelligents que les autres).

Mais, oui, cette grosse pomme a eu plus de 50% des votes valides, puisqu'il a été élu. C'est une digne lapalissade.

Ce que cache ce 50%, c'est bien entendu les votes blancs : les citoyens qui ont fait l'effort de se déplacer pour dire qu'aucun candidat ne leur convient. Ensuite viennent les abstentionnistes. Et enfin, ceux qui ne sont même pas inscrit sur les listes. Même si depuis 1997, la plupart des jeunes sont inscrits d'office, le nombre de non-inscrits est estimé à 1,5 millions.

La représentation des femmes : la tarte à la crème de la révision constitutionnelle

Même s'il serait bon qu'il y ait plus de femmes à l'assemblée, je ne considère pas qu'il est prioritaire.

La sous-représentation des jeunes générations est bien plus grave. Le sujet des femmes sert souvent à ne pas parler des autres problèmes, tout en faisant croire que nos politiciens s'occupent des problèmes de représentativité de l'assemblée.

Comme montré plus haut, la révision de la constitution qui a ajouté la représentation des femmes à part égale dans les listes électorales, a introduit d'autres absurdités. Et d'ailleurs pourquoi ne pas imposer une représentation exacte de la population française, aussi bien au niveau de la pyramide des âges, que des ethnies, des salaires, et tout autres critères auxquels on pourrait penser (sexualité, religion, couleur d'yaux, de cheveux, etc). Quitte à être absurde, autant y aller à fond !

Pour une meilleur représentation

En attendant de remplacer le vote par le tirage au sort, voici quelques propositions qui peuvent paraître moins extrême :
  • limiter le nombre de mandat consécutifs : afin de forcer le renouvellement de l'assemblée)
  • interdire le cumul des mandats : pour limiter la professionnalisation de la politique
  • réduire la durée des mandats : c'est une piste, mais le citoyen risque d'en avoir marre d'aller voter trop souvent
  • rendre les mandats révocables : sur pétition, un vote de confiance peut être appelé, au cas où ce que fait le député s'éloigne trop de son programme (ou qu'il a "oublié" de parler de certaines choses dans son programme)

lundi 20 juin 2011

Les mensonges du Front National (et de l'UMP) sur l'immigration

Vu le montée du FN, il me parait important de dénoncer les mythes absurdes que véhicule ce parti.

Soyons Français mais soyons humble

Le premier mensonge du Front National est de faire croire que toute la Terre ne rêve que de venir en France. La France n'est pas le plus beau pays du monde.

Même en Libye, la couverture médicale est totale (contrairement aux USA). La mortalité infantile est passée de 160 pour mille (1970) à 18 pour mille (2006). L'espérance de vie est de 70 ans pour les hommes, 75 pour les femmes. 89% de la population sait lire (94% pour les hommes, 83% pour les femmes), 97% de la population passe par l'école primaire.

Source :
- les données de l'OMS sur la Libye
- des statistiques plus précises de l'OMS sur la Libye

Croire que les Libyens rêvent de venir en France relève du pur fantasme.

L'indicateur le plus fort : le taux de natalité : 2,7

Quand le taux de natalité descend en dessous de 3, cela signifie qu'une grande partie de la population renonce à avoir un garçon (sauf en Chine où ils pratiquent l’échographie et l'avortement pour contrer la politique de l'enfant unique).

Indirectement, ça indique un éloignement de le religion ; estimer que Kadhafi était un rampart contre l’extrémisme religieux relevait donc de la pure invention anxiogène.

Tous les indicateurs sociologiques et démographiques montrent que les pays soit disant "musulmans" sont développés. En France on a de mauvaises idées, mais eux, ils ont du pétrole.

Vous avez dit chômage et déficit public ?

Pour peu que vous ayez deux trois notions d'économies, l'argument selon lequel un immigré vole le travail des français est aussi totalement faux.

La notion base est que l'économie est centré sur l'homme. L'homme est la source, le vecteur et la destination de l'économie. Plus il y a d'hommes, plus il y a de consommateurs, d'épargnant, d'emprunteurs et de producteurs de richesses. Sans l'homme l'argent n'a aucun sens. Chaque immigré prend un travail mais étant lui-même un consommateur, il crée aussi autant de besoin en travail dans d'autres parties de l'économie. Globalement, l'immigré augmente la capacité de production de la Nation.


Les phobies économiques : les étrangers nous volent nos emplois


Juste pour contredire la fin de la vidéo : ce n'est pas parce que l'immigration est plus "visible" qu'avant qu'elle pose actuellement problème. Les "têtes de turc" du FN dans les années 1970 étaient les portugais, plutôt blancs et plus catholiques que les français. Le discours du FN étaient pourtant exactement le même :

Source :
- INA : les portugais en France
- INA : des immigrés portugais installés dans le bidonville de Nanterre

N'oublions pas que l'immigration est une solution pour sauver le régime des retraites :



L'impossible fermeture des frontières et le coût des expulsions

Vu le nombre de kilomètres de côte et de frontières terrestre, il faudrait un budget faramineux pour surveiller les entrées de notre pays. Mais surtout en réduisant les effectifs en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux : on voit bien qu'on ne va pas vers une surveillance accrue des frontières. (Ce qui nous du "tsunami d'immigrés", c'est bien-entendu que la France n'est pas aussi attractive que le FN ne veut bien se le faire croire.)

Selon un rapport du sénat de 2009, le coût des expulsions s'élèverait à 415,6 millions d'euros. Soit à peu près 20 970 euros par expulsion.

Sachant que tout ceci ne sert à rien d'un point de vue économique, on peut se dire qu'elle est un peu cher cette campagne purement marketing.








Un passager d'un vol Air France filme une expulsion 1/3 par Les Inrockuptibles

Un passager d'un vol Air France filme une expulsion 2/3
Un passager d'un vol Air France filme une expulsion 3/3


L'état est le premier client des employeurs d'immigrés sans papiers

C'est le canard enchaîné, qui le révèle. Une société de nettoyage qui travaille pour Matignon, pour d'autres ministères et pour d'autres organismes publics, dénombre un minimum de 20% de sans papiers dans ses rangs.

La loi a été récemment modifiée de manière à ce que les inspecteur du travail aient du mal à prouver la mauvaise foi des patrons. Grâce à des procureurs très conciliants, l'impunité règne chez les patrons et Matignon restera toujours propre.









Les avantages des sans-papiers pour les employeurs peu scrupuleux :
- l'absence de droits syndicaux
- la pression de la dénonciation
- pas besoins de les déclarer
- payés pas cher

Vous l'avez compris : il y a un certains nombres de sympathisant de droite qui ont tout intérêt à garder les immigrés dans la merde, afin de mieux les exploiter.

La carte d'identité : une invention très récente

Les premiers essais de carte d'identité apparaissent en 1921, mais sans grand succès. A l'époque, il fallait deux témoins pour certifier de votre identité, dans toutes les démarches administratives.

Les premiers véritable prototypes apparaisse en 1940, et sont généralisés en 1943, certainement pour de mauvaises raisons (pour repérer les juifs ?).

Après guerre, elle disparaît partiellement, et réapparaît facultativement en 1955.

En décembre 1995, la carte dite « sécurisée », prévue par un décret du 19 mars 1987, est généralisée et devient gratuite le 1er septembre 1998.

Source : Wikipédia


Les frontières de la France de 985 à 1947


Le fameux débat sur "l'identité française" lancé par l'UMP n'a absolument aucun sens ; d'autant plus que nous devons composer avec l'Europe, qui est notre seul salut pour résister économiquement à la Chine et aux USA.

A chaque mouvement des frontières de la France, tout ce qui comptait pour être français était d'avoir les deux pieds sur le sol français : peu importe la langue et la religion.

Les enfants étrangers n'ont pas de mal à parler et comprendre le français en cours

Plus on est jeune, plus il est rapide d'apprendre une langue.

D'ailleurs ce faux problème de la langue n'est pas nouveau. La France était jadis un patch-work de langues locales et de patois.

Avant Première Guerre mondiale, la moitié de la population de Basse-Bretagne ne
connaissait que le breton, l’autre moitié étant bilingue breton-français.
En 1950, ils n'y avait plus que 100 000 monolingues bretons.
Leur nombre est quasi-nul depuis les années 1980.

L'état a tout fait pour détruire le breton :

En 1951, est votée la loi Deixonne autorisant l’organisation de cours facultatifs pour quatre langues « locales », dont le breton. Mais l’impact en est réduit, non seulement en raison des dispositions limitées de la loi elle-même et de l’absence de décrets d’application (qui ne paraîtront que trente ans plus tard), mais également à cause de l’application restrictive qui en est faite. De fait, même si l’enseignement était autorisé dans certaines conditions, il n’était possible presque nulle part. Et aucun enseignant n’étant formé, aucun diplôme n’existant, quasiment personne ne pouvait en assurer l’enseignement.

Source : wikipédia


Et l'alsacien a aussi connu un net recul depuis les années 1960, avec l'arrivée
de la télévision. Quand les enfants voulaient vendre des billets de tombola à des personnes âgées dans la rue, ils leur parlaient systématiquement en alsacien.

Source : wikipédia

Donc la présence d'autres langues que le français n'est pas un
"obstacle" nouveau pour l'éducation nationale.

Si nos enfants sont moins bien éduqués, regarder plutôt du côté des salaires des instituteurs. En comparant les salaires, nos instituteurs sont moins bien payés que leurs collègues allemands. Avec une formation de plus en plus rapide, des nouveaux critères d'admission douteux et une déconsidération des fonctionnaires par le gouvernement, les vocations ne courent plus les rues.

Étienne Chouard - La démocratie par le tirage au sort

Voici une vidéo intéressante sur les problèmes de la politique par élection, ce qu'était la démocratie athénienne antique, et ce qu'ils essayait de résoudre.




Étienne Chouard - Conférence: Le tirage au sort comme bombe politiquement durable contre l'oligarchie

En avant propos, je souligne, qu'il dénonce plus ou moins quelques techniques de manipulation (qu'on aurait appelé sophisme du temps de l'antiquité), alors qu'ils les utilisent lui-même : ce qui présente une utopie sont des manipulateur, le story telling, etc... En particulier, à la fin il énumère un certain nombre de contre-argument et de contre-contre-argument, comme s'il préparait son audience à des interview : c'est bien ce genre de discours trop bien préparé qui me dégoûte chez les jeunes UMP.

Passons au contenu qui est fort intéressant malgré cela.

Il dénonce les vices du système par élection :
- pour être élu, il faut avoir de l'argent : les élus sont rarement des ouvriers
- pour être candidat, il faut être avide de pouvoir
- la professionnalisation de la politique :
   - les politiciens votent des lois pour eux
   - les politiques sont dépendants de leur poste de députés, les rendant sensible à des pression internes à leur parti, au détriment de leurs convictions personnelles
- etc

Le tirage au sort combiné avec des mandats courts (6 mois ou un an) résout tous ces problèmes. Le tirage au sort existe déjà pour les jurés de cours d'assise.

Le système du tirage au sort posait d'autres problèmes, mais les athéniens avaient mis en place un certains nombres de grade-fous avant, pendant et après.

Le reste est dans la vidéo.

jeudi 16 juin 2011

Pur arnaque

Hadopi vient de lancer une campagne de publicité pour son label. (Un grand merci à Numérama, d'avoir mis ces spots en ligne). Décortiquons un peu ces trésors.

La campagne aurait coûté trois millions d'euros ! La France n'est effectivement pas assez endettée. Une campagne purement inutile : une pure perte de temps et d'argent !


Spot 1 : Emma Leprince




Hadopi - spot TV 1


"Avec des références telles que Voltaire, Zola et DJ Fritas" : serait-ce une référence à Zadig et Voltaire. Moi aussi je me replonge souvent dans leur catalogue. Ces publicistes ne manquent pas d'humour.

D'autres comme moi ont essayé de comprendre les paroles :

   Feeling fresh
   Feeling nice
   I'm ready for my day I'll go
   Shopping with my girls, girls
   Shades are looking good
   ??? turning me ???
   Looking at me
   Looking at me

C'est clair qu'avec des textes aussi engagés qui font mouche, la jeunesse n'est pas prête de faire une nouvelle révolution.


Le titre est censé être "I prefer your clone", dont personne ne voit le rapport avec les paroles.

La chanson est en fait de la grosse guimauve pas chère. Le seul intérêt du clip, ce sont les nanas en bikini. Ce clip est tout simplement une caricature d'un titre purement commerciale, où la chanteuse peut-être changée à tout moment par une autre.

Ce genre de titre insipide et impersonnel est typiquement la forfaiture d'un manager peu scrupuleux qui n'hésite à s'appuyer sur la notoriété de la musique dans son ensemble. Quand les paroles d'une chanson tiennent sur une demi feuille de PQ, j'ai franchement du mal à prendre en estime le travail de "l'artiste".

Voyez aussi les critiques communes au trois publicités plus bas.

Spot 2 - Rock Secret




Hadopi - spot TV 2


Jamais en France, je n'ai vu un scénario de série aussi captivant. Le problème est justement là : avec ou sans Hadopi, les français sont infoutus de faire une série aussi bonne que ça.

Voyez aussi les critiques communes au trois publicités plus bas.

Spot 3 - Tue-moi à gage




Hadopi - spot TV 3


Ça ressemble beaucoup à du Luc Besson. Je devine Nikita ou la fille de Léon dans la tueuse à gage.


Critiques communes aux trois spots

Les trois spots mettent en scène des artistes (une chanteuse interprète peut-être auteure, un scénariste et un réalisateur) dans des œuvres collectives. Dans ces trois cas, les artistes touchent en réalité une somme forfaitaire.

Nous tombons encore une fois dans tout ce qu'on reproche à Hadopi : de ne protéger que trois ou quatre gros industriel de chaque secteur. Les éditeurs étaient indispensables avant internet, car la fabrication des support des œuvres, leur distribution, leur publicité était un métier à part entière.

Les spots donnent l'impression que la "bonne" création passe forcement par les majors du disque, du cinéma ou de la télévision. D'où le label "pur", pour identifier les distributeurs qui jouent leur jeu.

Ce label aura au moins l'avantage d'identifier les sites où il ne faudra surtout pas aller acheter. A combattre leurs propres clients, les majors ne peuvent pas gagner.

D'ailleurs en choisissant "Pur" comme nom de label, ne sentez-vous pas des vieux relent nauséabond d’arianisme


Parodies et réactions

- la page Facebook de DJ Fritas, Emma Leprince
- le site d'Emma Leprince
- le son de la publicité sur une autre vidéo
- Canard PC veut sauver Alien Ségéra, Jean Michel Jar Jar Binks,
- le concours de logo Pur, et d'affiche Pure de Pc Inpact
- certains s’inquiètent de la manière dont la jeune Emma Leprince tripotte son micro

Culture ou Divertissement ?

Une différence culturelle que j'ai remarqué entre la France et les USA, est dans les mots utilisés pour désigner les arts. De cette différence sémantique en découle une manière différente de considérer le temps libre.

En France, nous parlons de "culture" quand il s'agit d'aller au cinéma, au théâtre, à une exposition. Aux Amériques, ils parlent plutôt de divertissement.

Les français passent alors pour des pédants, donneurs de leçon, alors que nous considérons les américains comme des pourceaux épicuriens à la recherche du plaisir pur. L'un mange des hamburger gras au cheddar fade comme du plastique, alors que le français serait à la recherche du plat fin, riche en saveur.


Quelle différence entre culture et divertissement ?


Ne nous leurrons pas : culture et divertissement sont souvent utilisés pour désigner les mêmes choses. Pour peu qu'on mette du "folklorique" dans n'importe quel "divertissement", cela devient de la "culture" : danse, sport, théâtre même comique. Les sketch de Coluche sont avant tout du divertissement potache. Ajoutez quelques dizaine d'années, ils deviennent de la culture, du patrimoine français. De la chanson paillarde à la corrida la plus sanglante : tout devient noble, si c'est culturel.

Molière en son temps jouait un théâtre à l'humour très italien, c'est à dire très visuel ; cet humour était plutôt destiné au peuple, peu cultivé et qui n'appréciait guerre l'alexandrin, mais aimait à rire quand un laquet flanquait une rouste à son maître.

Culture et divertissement couvrent donc exactement les mêmes domaines, dont voici une liste non-hexaustive :
- littérature
- musique
- théâtre- vidéo
- cinéma
- série télé
- sport
- peinture, sculpture
- architecture
- jeux-vidéo
- etc...

La différence entre nos deux mots est donc très étonnante ; ce n'est pas l'objet désigné qui change, mais l'attitude de celui qui utilise ce mot par rapport à ce qui est désigné. Quand on se cultive, on n'est pas obligé d'en retirer un quelconque plaisir immédiat ; c'est l'élévation de l'esprit qui compte, et indirectement le plaisir de briller en société par sa culture "innée".

Mais parfois, on peut se demander s'il n'y a pas une bonne dose l'hypocrisie dans l'utilisation des mots "œuvre" et "culture" lorsqu'on est face à un carré noir sur fond blanc.


L'utilisation du mot "culture" impose le respect de l’œuvre. L'utilisation du mot "divertissement" impose le respect du public.

Prenons comme exemple les retouches que se permettent parfois les éditeurs ; dans la vision "culturelle", elles sont absolument scandaleuses, car l'intégrité de l’œuvre est alors ce qu'il y a de plus important. Le but de l’œuvre peut même être de choquer, de faire réfléchir. L’œuvre n'envoie qu'une image que le spectateur interprète. Si le spectateur est choqué, il doit se poser des questions sur lui-même, et non sur l’œuvre ou l'artiste.

Si nous les prenons d'un point de vue divertissement, tout ce qui peut gêner le spectateur dans son plaisir doit être écarté. Tout sujet politique doit être exclus. Tout ce qui peut générer une manifestation d'intégriste devant le théâtre ou le cinéma doit être évité. Les héros des films d'action américain ont rarement un avis sur quoique ce soit. De toute façon, il est souvent la tête dans le guidon, et n'a que très peu de temps pour réfléchir.

Note : un exemple parmi d'autres de choix pour éviter les intégristes, est dans "Fight Club". Les producteurs ont rejeté la réplique de Marla après avoir couché avec Tyler Durden : "Je voudrais un avortement de toi", croyant des réactions des intégristes anti-avortement. Elle a été remplacée par la non moins choquante phrase "Je n'ai pas aussi bien baisé depuis la maternelle".

 
Édition de E.T. l'extraterrestre en BluRay où les armes à feu ont été remplacé par des talkies-walkies.

 Alors qu'en France, il est hors de question de censurer le très colonialiste Tintin au Congo, aux USA les cartoons de Tex Avery ont été édité intégralement en Laser Disc, mais sont introuvables en DVD et Bluray dans leur version non censurée.

Relativement récemment, Penn & Teller n'ont pas publié dans leur box DVD (pas si) "intégral", un épisode de leur émission qui parlait du Vatican. D'ailleurs nos deux  magiciens de Las Vegas, présentent leur émission comme étant plus du divertissement que réellement informative et scientifique ; un comble, vu l'importance sociologique et culturel des sujets abordés dans leur émission.



La libéralisation ratée de l'industrie du divertissement

Comment ne pas parler de "l'exception culturelle". Imaginez-bien comment les américains ont écarquillé d'incompréhension leurs yeux en regardant les français voulant absolument justifier les subventions de l'état français à l'industrie du divertissement que nous nommons "culture".

De leur côté, les américains voulaient libéraliser à fond le cinéma : le divertissement industrialisé dont ils sont les leaders difficilement contestables. (comme je l'expliquerai sûrement un jour dans ce blog : le libéralisme avantage grandement les leaders d'un marché. D'où la formation de sociétés dites "majors" dans la musique et le cinéma).

Sentant bien le rouleau compresseur du libéralisme débridé, le seul moyen de préserver une culture propre à chaque pays, était bien entendu d'autoriser les subventions, les quotas à la radio et à la télévision : un protectionnisme qui ne disait pas son nom.

Alors que les américains rentabilisent largement leurs productions sur leur sol, et ont le Monde entier comme acheteurs potentiels, chaque industrie du divertissement de chaque pays n'a que son sol national comme marché potentiel. Et ceci, même pour les pays de l'union européenne ; ce qui est dramatique. Malheureusement, le mélange des cultures européennes n'est toujours pas à l'ordre du jour, car chaque gouvernement veut préserver leur souveraineté nationale, pour des raisons de pouvoir bien personnels de chacun de nos gouvernants.



La conclusion

Nous voilà donc où je veux en venir : les soit-disant défenseurs de la culture sont avant tout des industriels du divertissement. Quand un producteur fabrique un morceau de musique, son but est de le vendre à un éditeur pour le distribuer et le rentabiliser par tous les moyens possibles.

Récemment HADOPI a lancé son label PUR et un certain nombre de publicités où "l'artiste" serait en danger. Le problème est que ces publicités ne montrent pas des artistes isolés, mais des artistes embarqués dans une grosse machinerie de production qui exige un gros producteur derrière. Nous sommes loin de l'artisanat, mais très proche de l'industriel.

Le lobby SACEM qui représente les éditeurs-producteurs majeurs de la musique a encore frappé. C'est en faisant croire qu'une loi va protéger les petits que les gros la font passer et qu'ils se gavent par la suite : et c'est vrai dans tous les domaines du lobbying.

mardi 7 juin 2011

Film - La Conquête

Ce film est avant tout une compilation des petites phrases qui ont parsemé les journaux, lors des faits que le film rapporte. Le texte est donc sans grandes surprises pour quelqu'un qui a suivi même de loin les petits mots de nos dirigeants de l'époque.

Ces citations nous sont servis par des imitateurs fort bons, par des comédiens dont on reconnaît les originaux dont ils s'inspirent essentiellement (voir uniquement) grâce à leur coiffure. Un grand bravo aux coiffeurs.

Par contre les dialogues se situent souvent hors contexte pour les besoins de la mise en scène, et Sarkozy ne sourit pas assez par rapport à l'original, quand il est en public (le but étant d'être toujours souriant même sur toutes les photos prises lors d'une sortie publique).

Voilà pour les compliments.

Tous les défauts, je les résumerai en un seul mot : omission.

Il n'y a pas que de l’omission, mais aussi des mensonges flagrant. Quand Paris-Match publie les photographies de Cécilia avec son amant, dans le film, Sarkozy dit qu'il s'en fout. Dans la réalité, le rédacteur en chef a été viré après un coup de téléphone de Sarkozy à son ami intime, propriétaire du journal.



Alain Genestar et Nicolas Sarkozy


Alain Genestar (ex-Paris Match) invité d'@si


Omission des épisodes gênant comme salon de l'agriculture, les insultes aux dockers, et le fameux kärcher qui a relancé les émeutes en banlieue.



"Casse-toi pauv' con"


"La racaille"

Lien : "Le Kärcher est le terme qui s'impose"


Dans bon nombre de cas, les faits sont mise en ellipse, ou totalement ignorés : Clearstream est évoqué rapidement. On ne parle pas de la prise d'otage où le super ministre, ou plutôt super policier négociateur, mais avant tout super candidat pour sa pomme a failli tout faire sauter, tout en se faisant filmer avec la caméra des pompiers quand il transporte des enfants sauvés du preneur d'otage.

Pas un mot sur les radars automatiques (dont l'histoire méritera plusieurs articles sur ce blog).

Je suis allé au cinéma voir ce film avec quelqu'un qui était pour Sarkozy. Malgré tout ce qu'il manque, il a trouvé le moyen de trouver que le film était plutôt contre Sarkozy. Comme quoi, ceux qui votent pour lui, sont sans doute ceux qui s'informe le moins...

En attendant, au lieu de perdre votre temps à voir ce film qui ne vous apprendra sans doute rien, allez plutôt chercher "Le Président" avec Jean Gabin de 1961. Vous vous rendrez compte à quel point le monde de la politique n'a pas changé.


"Les partis ne sont plus que des syndicats d'intérêts"