jeudi 29 septembre 2011

A propos de l'Argent-Dette et autres théories anti-bancaires

Le documentaire "Argent dette" est un "buzz" ou "meme" Internet, qui a fait pas mal de dégât pour la compréhension de l'économie.

Par exemple Étienne Chouard colporte les mêmes aberrations.

Étienne Chouard est professeur d'économie. Comment fait-il pour raconter des ineptie pareil ? Après recherche, il a une maîtrise en droit, il était professeur en économie-gestion et droit fiscal (donc comptabilité, pas économie !), par la suite également professeur d'informatique, ce qui fait qu'il a pu passer à côté des bases...

En fait ce qu'ils appellent l'argent dette, est un phénomène connu, et maîtrisé. C'est l'effet multiplicateur du crédit.

A chaque fois qu'on dépose de l'argent à la banque, elle peut le prêter à quelqu'un d'autre. Or de nos jours, quasiment tout l'argent est déposé dans les banques. Les banques prêtent de l'argent qui est déposé sur un compte dans une autre banque, qui va à nouveau le prêter, et ainsi de suite.

Virtuellement, les banques pourrait prêter une quantité infini d'argent. Il est important de le maîtriser (par la loi), ce phénomène qui serait catastrophique s'il n'était pas contré : on se retrouverait avec une masse monétaire qui monterait tout le temps, et mécaniquement une inflation galopante.

Pour les empêcher de créer trop d'argent par l'effet multiplicateur le crédit (ce fameux "argent dette"), elles ont des réserves obligatoires.

Par exemple, si les réserves obligatoires sont à 2%, à chaque fois qu'une banque prête 100 euros à quelqu'un, elle doit déposer 2 euros à la BCE (ou la banque centrale du pays). Elle récupère une partie de ces 2 euros à chaque fois que l'emprunteur rembourse une partie de son crédit. Ainsi, à chaque fois qu'il y a un emprunt, de l'argent est retiré du circuit, ce qui empêche une création infini de monnaie. Seules les banques sont autorisées à prêter, parce qu'il faut qu'il y ait ce dépôt à la banque centrale.

Tout cet argent créé est appelé Masse Monétaire. On nomme M1, M2, M3 et M4 les masses monétaires en fonction de la durée du dépôt (et donc de l'emprunt qui va avec).
- M1 correspond aux billets, pièces et dépôts sur compte courant
- M2 correspond à M1 plus les dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans et les dépôts assortis d'un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois mois
- M3 correspond à M2 plus les instruments négociables sur le marché monétaire émis par les institutions financières monétaires
- M4 correspond à M3 plus les Bons du Trésor, les billets de trésorerie et les bons à moyen terme émis par les sociétés non financières

Sinon, nul besoin d'être une banque pour créer de la monnaie, même en France : ticket resto, chèque vacances, bon de réduction, même les chèques de particulier sont des créations de monnaie.

Tout ça pour dire, qu'il n'y a pas de "complot". Tout est exposé au grand jour, rien n'est caché. Tout a été théorisé, et sous le contrôle des banques centrales.

Les banques centrales sont des institutions indépendantes, qui ne doivent aucun compte aux électeurs. Quelqu'un qui veut se faire réélire n'a qu'à faire tourner la planche à billet avant l'élection, sans faire attention à l'inflation qu'il va générer plus tard. C'est pour cela que la création monétaire a été confié aux banques centrales, indépendantes des élections, avec pour unique mission de maintenir le taux d'inflation proche de 2%, mais toujours en dessous (du moins c'est la mission de la BCE, mais pas de la réserve fédérale américaine).

Actuellement, le taux de réserve obligatoire est à 2% en Europe, parce que les banque ont du mal à se prêter entre elles, mais en Chine il est à plus de 20%, pour empêcher l'inflation. Les emprunts sont nécessaires aux entreprises pour qu'elles puissent avoir un fond de roulement et investir. Interdire la création monétaire généré par l'emprunt est impossible (sauf à proposer un nouveau système économique et politique qui se tienne ; ce que ne font pas les deux vidéos citées en introduction).

L'or n'est pas une valeur sûre. Montesquieu a très bien vu ça en étudiant l'Espagne. Durant le Siècle d'or (à partir de 1492, Christophe Colomb), l'or ramené du nouveau continent aurait dû rendre l'état très riche, puisque les caisses étaient pleines. Que s'est-il passait en fait ? Les prix ont augmenté, et l'état ne semblait pas plus riches qu'ailleurs en Europe.

Adam Smith développe le raisonnement de Montesquieu plus loin avec "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations".

Les vidéos "argent-dette" estiment aussi que l'état a perdu le privilège de la création de l'argent, et est donc obligé de créer d'emprunter. Ce qu'omettent de dire ces vidéos, c'est qu'avant l'argent n'était pas fiduciaire, mais lié à l'or. Il ne pouvait donc pas être créé. Les souverains (et donc l'état) empruntaient pour éviter d'augmenter les impôts. Nous sommes exactement dans cette situation d'ailleurs : c'est théoriquement très facile de réduire la dette de l'état. Il suffit de prélever plus d'impôts.

L'avantage de l'argent fiduciaire, c'est que l'inflation artificielle empêche la thésaurisation (le fait de garder son argent dans un bas de laine).

Là où Étienne Chouard n'a pas tord, à mon avis, c'est que pour se faire élire, il faut de l'argent et donc des riches pour financer les campagnes. Il est donc très difficile de se faire élire en ayant comme programme l'augmentation de l'impôt des plus riches.

En ce moment, les conditions sont réunis pour qu'au contraire ça passe : crise de 2008 qui revient, gouvernement de droite qui agit trop ouvertement pour les riches, les électeurs prennent conscience des mensonges de la droite.

En lisant l'article d'Adam Smith sur wikipédia, on y trouve des perles :

« Il est rare que des gens du même métier se trouvent réunis, fût-ce pour quelque partie de plaisir ou pour se distraire, sans que la conversation finisse par quelque conspiration contre le public, ou par quelque machination pour faire hausser les prix. »
Le Monde n'a pas bougé depuis 1776.

« Toute proposition d'une loi nouvelle ou d'un règlement de commerce, qui vient de la part de cette classe de gens, doit toujours être reçue avec la plus grande défiance, et ne jamais être adoptée qu'après un long et sérieux examen, auquel il faut apporter, je ne dis pas seulement la plus scrupuleuse, mais la plus soupçonneuse attention. Cette proposition vient d'une classe de gens dont l'intérêt ne saurait jamais être exactement le même que l'intérêt de la société, qui ont, en général, intérêt à tromper le public et même à le surcharger et qui, en conséquence, ont déjà fait l'un et l'autre en beaucoup d'occasions. »
Déjà Hadopi à l'époque ?

« les gens qui vivent dans la capitale et dans les provinces éloignées du théâtre des opérations militaires ne ressentent guère, pour la plupart, aucun inconvénient de la guerre, mais ils jouissent tout à leur aise de l'amusement de lire dans les gazettes les exploits de leurs flottes et de leurs armées. (...) Ils voient ordinairement avec déplaisir le retour de la paix, qui vient mettre fin à leurs amusements, et à mille espérances chimériques de conquête et de gloire nationale qu'ils fondaient sur la continuation de la guerre. »
Ça ne vous rappelle pas la guerre du golf, et l’Afghanistan ?

Il invente aussi les fonctions régaliennes (auxquels doit se limiter le souverain) :
- protéger la société contre toute violence intérieure ou extérieure,
- protéger tous les membres de la société contre l’injustice ou l’oppression causée par un autre membre,
- fournir des infrastructures et des institutions publiques, qui sont bénéfiques à la société, mais qu’un entrepreneur privé ne peut pas financer lui-même profitablement.

Notez que ces fonctions seront revisités plus tard par les néo-libéraux :
- Assurer la sécurité extérieure par la diplomatie et la défense du territoire ;
- Assurer la sécurité intérieure et le maintien de l'ordre public, avec, notamment, des forces de police ;
- Définir le droit et rendre la justice ;
- création de la monnaie (mais l'histoire a prouvé que c'était faux)

Mince, il n'y a plus les "institutions publiques, qui sont bénéfiques à la société" : c'est ballot ! Ça prouve surtout que la définition des pouvoirs régaliens est avant tout idéologique, et que les néo-libéraux avaient oublié que l'économie est centré sur l'homme et pas sur l'argent (pour ne pas dire que ce sont de gros enfoirés).

mardi 27 septembre 2011

Combustion humaine spontanée

Slate a encore frappé : ils on sorti un article sur la combustion humaine spontanée. Encore un article aberrant qui me conforte dans l'estime de la piètre qualité informationnelle de ce site.

Remarquons d'entrée le sujet de thème paranormal, qui plaît surtout aux américains. C'est tout à fait dans l'esprit des conservateurs américains, très religieux qui n'admettent pas que la science peut expliquer pas mal de chose. Eh oui, l'éducation nationale américaine est tellement défaillante que la moitié des américains estiment que le créationnisme est une "théorie" acceptable.

La combustion "spontanée" est la découverte d'un corps humain consumé, dans une pièce où quasiment rien d'autre n'a brûlé. Parfois même les pieds et les bras sont intacts.

Pour comprendre la combustion soit-disante "spontanée", il suffit d'aller sur Wikipidea et de choisir la "théorie" la plus sensée. Théorie confirmée par des sites de sceptiques. Mais c'est trop dur pour un journaliste de Slate.

Les "sceptiques" sont en fait des associations d'anti-théories paranormales qui s'escrime à démonter les théories paranormales. Elles existent surtout aux USA, pour justement contrecarrer toutes les croyances dont s'abreuve le peuple américain.

Les phénomènes n'a donc rien de mystérieux, car ils ont été reproduit avec un porc. Il n'a rien de spontané, ni par la vitesse, ni par l'apparition.

Ce qui allume le feux est à l'extérieur du corps humain : des allumettes, un feu de cheminée, une cigarette, ou, pourquoi pas, des cambrioleurs qui ont voulu mettre le feu à la maison après qu'il ait tué leur victime. Ce dernier cas est d'ailleurs l'un des cas officiellement résolu, où un cambrioleur a utilisé du parfum autour du col de la victime pour allumer le feu. Il partit en pensant que la maison entière aller brûler.

C'est en fait la graisse humaine qui sert de comburant. Dans tous les cas de combustion soit-disante spontanée, les victimes était corpulentes. Les vêtements servent de déclencheur, puis de mèche comme dans une bougie. La combustion est lente : il a fallu cinq heures pour consumer le porc jusqu'aux os dans l’expérience citée précédemment. La petite pièce où se trouvent les victimes, limite grandement l'oxygène. Ainsi le corps se consume longuement en limitant la zone incendiée.

Les victimes ont à chaque fois des problème pour se défendre du feu qui prend : sous médicament (somnifère), comas éthylique, ou morte.

Souvent, les témoins qui découvrent la scène, en conclut que la combustion a été rapide parce que rien d'autre n'a brûlé. C'est en fait tout le contraire ; c'est la preuve d'une combustion lente. Une combustion rapide du corps aurait dégagé une très forte quantité de chaleur en peu de temps, ce qui aurait embrassé tout ce qui est autour. Une combustion lente, au contraire répartit l'énergie dans le temps. La chaleur est évacuée au fur et à mesure, permettant aux meubles, et même aux membres de la victime de ne pas présenter de signe de brûlure.

Les mécanismes psychologiques qui empêchent les témoins de ces scènes d'incendie d'admettre la solution la plus évidente du mystère, sont très bien expliqués par les sites de sceptiques.

Slate reproduit visiblement des informations de son homologue américain sans valeur ajoutée. Du temps du journal papier, nous pouvions nous faire avoir une ou deux fois par ce genre de journalisme. Sur Internet, rapporter ce genre de fausse information ne peut pas être bon pour la notoriété du site. C'est le genre d'héritage de la presse classique doit on se passerait bien.

Conclusion

La combustion spontanée est une combustion lente qui n'a rien de mystérieux, et Slate est un site d'antijournalisme comme j'aimerais les voir disparaître.

lundi 26 septembre 2011

Bio et lobbying

Je m'étonne toujours de trouver des produits bio dans des contenants en plastique. Ceux qui achètent du bio, le font normalement parce que ce type de culture a moins d'impact sur l'environnement et que le produit alimentaire contiendra moins de produits nocifs.

Or les emballages plastiques ne sont pas biodégradables et difficilement recyclables. C'est dommage de cultiver propre pour emballer salement.

Les emballages plastiques peuvent contaminer les aliments. D'ailleurs nous sommes tous soumis à des doses continues de Bisphénol A. Ce perturbateur endocrinien est présent partout et pénètre par les aliments et la peau. Cosmétiques, jouets, emballages alimentaires, tickets de caisse, vêtements, il est partout. Il est particulièrement présent dans les plastiques transparents. Plus le plastique est rigide, plus il y en a.

Donc si vous achetez bio, préférez des emballages en verre.

M'étant fait ces réflexions, je décide de chercher un peu ce qui se raconte du côté des anti-bio.

Je tombe rapidement sur Gil Rivière-Wekstein.

C'est visiblement un invité fréquent des diverses émissions pour prôner une vision anti-bio :
- Arrêt sur Image
- Europe 1
- sur tv agri

Mais là, un doute m'étreint : ses arguments me rappelle furieusement une émission américaine : Penn & Teller.

Penn & Teller : l'émission d'infotainment "Bullshit!"

"Emission d'infotainment" signifie "émission d'information et de divertissement à la fois".

Penn & Teller sont deux magiciens de Las Vegas qui ont fait une série d'émissions nommée "Bullshit!". Elle est forte intéressante, car sans détour de langage nos deux magiciens présentent ce qu'il considèrent comme des grosses "conneries" (bullshit en VO).

Tant qu'ils s'attaquent aux séances de spiritisme, nos deux compères sont dans leur domaine de compétence : ils vous expliquent les méthodes des mentalistes, qui ne sont qu'une partie du monde de la magie. Ils dénoncent ceux qui font passer pour vrais des trucs de magicien.

Malheureusement, Penn & Teller sont aussi très engagés politiquement, à tendance libertarien : ils prônent le non-interventionnisme extrême de l'état, et la liberté économique et morale. Ils sont pour la dépénalisation de toutes les drogues, y compris le tabac.

Or être écologiste c'est prôner l'intervention de l'état en matière d'environnement. Ainsi ils se sont "moquer" des sujets suivant :
- "Being Green" où ils dénigrent le recyclage et les verts, faisant entre autre signer à des activistes verts, une pétition interdisant le monoxyde de dihydrogène (c'est à dire l'eau)
- "Global Warming" où ils dénigrent les théories sur le réchauffement climatique
- "Endanger Spicies" où ils dénigrent la protection des espèces en voie de disparition

L'émission à laquelle, je m'a fait pensé Gil était intitulée "Organic Food" (Nouriture Bio), tous simplement.

Quels étaient les arguments de Penn & Teller ?

Selon eux, ceux qui achètent le Bio le font pour les raisons suivantes :
- l’environnement
- la santé (moins de pesticide)
- les qualités nutritives
- le goût
- les petits fermiers locaux

Ils nous expliquent ensuite pourquoi ils pensent que c'est faux.

Là dessus ils opposent qu'on ne pourra pas nourrir la Terre entière avec des méthodes d'agriculture bio.

Ils oublient de dire que leurs "experts" sont payés par un institut financé par entre autre Monsanto.

Autant pour la magie, nous pouvons faire confiance à Penn & Teller. Mais pour leur indépendance politique face au lobbys, nous pouvons leur faire confiance : ils ne vont dire que des conneries.

Gil Rivière-Wekstein

Que dit Gil Rivière-Wekstein ? Prenons, par exemple dans son interview pour enquête-débat.fr.

En résumé, selon Gil, les fausses promesses du Bio sont que le bio est :
- meilleur pour leur santé
- meilleur pour l'environnement
- bon pour le petit agriculteur local

Il nous explique ensuite pourquoi ce sont de fausses promesses.

Entre autre, il utilise l'argument que la culture bio utilise des pesticides.

Sur son propre site, "Agriculture et Environnement", il affirme qu'on ne peut pas nourrir la Terre entière avec de l'agriculture bio.

Dans l'émission d'Arrêt sur Image, il aborde le thème du goût des aliments bio.

Mince, dans tous les cas, ce sont précisément les mêmes arguments que Penn & Teller pour contredire les amateurs de bio ! Il y aurait des origines communes ?

Cherchons à savoir qui est Gil qui semble se présenter comme journaliste. Nous apprenons qu'il n'est pas réellement Journaliste. Il est membre de l'association française des journalistes agricoles (AFJA), mais être membre de cette association n'en fait pas pour autant un journaliste.

Le Canard enchaîné le présente comme un lobbyiste des fabricants de pesticides et d’engrais.

Autre fait amusant : ses livres sont en fait auto-édités au travers du site Les Publieurs.fr :
- Les Abeilles, l'imposture
- Bio : fausses promesses, vrai marketing

Agriculture et environnement est une lettre d'information mensuelle qui souvent n'a qu'un édito et quatre articles.

Encore une fois, dans l'émission d'Arrêt sur Image, Gil prétendait que le bio était une cause possible de l'épidémie d'E.coli cet été. Pourtant des études mises en avant pour appuyer cette théorie ne sont que des rumeurs inventées par des lobbyistes américains.

D'ailleurs la lecture entre les lignes de présentation neutre ou élogieuse du personnage laisse imaginer la réalité. M. Gil Rivière-Wekstein a tout du profil du lobbyiste et du communiquant (pour qui ?).

L'article de Slate

Sur Slate.fr, même lobbying : le soja bio pour nourrir nos vaches bio viendrait de Chine ! Nous nous retrevons comme dans Penn et Teller, avec la même histoire de fantôme chinois comme origine des produits bio mondialisés, avec en fond le scandale de la mélanine.

Mais il semble qu'en réalité, très peu de produit bio vienne de Chine. L'article saute aussi de but en blanc, sur les framboises pas bio ; quel rapport ?

Nous tombons sur les fruits importés par avion : le fret par avion est très cher. Il est réservé au transport des denrées périssables (et chères).

En fait, les parts par type de transport en France sont (fleurs et nourriture) :
- 1,27 million de tonnes/an par avion
- 197 millions de tonnes du trafic routier
- 218 millions de tonnes du maritime
- 19 millions de tonnes du fluvial
- 17 millions de tonnes du ferroviaire

Pourquoi prendre l'avion, quand il est largement plus rentable d'utiliser des bateaux de fret.

Comme pour tout réseau (comme par exemple, Internet, le courrier), les grandes lignes de transport (les back-bones pour Internet) sont déjà les plus optimisés : leur coût de revient est négligeable par rapport au reste du réseau. Le fret maritime ne représente que 2% des émissions de gaz à effet de serre. Quant aux transports locaux, il s'intègre dans des transports de nourriture qui voyagerait de toute façon.

Or une étude suisse semble démontrer que le bilan carbone sucre de canne et meilleur que celui du sucre de betterave, malgré le transport. (autre article ici)

Il y a effectivement des améliorations possibles en France, sur le transport ferroviaire, mais l'absence de concurrence et l'excès de syndicalisme des travailleur bloque son développement.

Conclusion

Malgré certains arguments de M. Gil Rivière-Wekstein qui semblent pertinents, il prône l'utilisation de pesticides et d'engrais sans restriction. Or ce que tend à montrer un film comme "Notre poison quotidien", ce sont les conflits d'intérêt de ceux qui valident les pesticides. Ce film montre aussi que les concepts qui entourent la vérification de la dangerosité des pesticides n'a pas évolué malgré des découvertes et des remises en cause de ceux-ci.

Certes, nous vivons plus longtemps, mais ça a été toujours au prix de normes sanitaires toujours plus strictes, et de progrès médicaux en parallèle. Si certains produits sont utiles, d'autres sont réellement dangereux.

La dérégulation en la matière est dangereuse. Nous ne saurions faire confiance en des sociétés étrangères qui semblent bien plus intéressée par leur bénéfices avant l'intérêt général, avant même l'intérêt de certains citoyens de leur pays d'origine.

jeudi 22 septembre 2011

"Propaganda" par HADOPI

L'ALPA appelle à voter Sarkozy, uniquement pour sauver HADOPI, et indépendamment de tout ce qu'il a fait. HADOPI sera donc un point important dans la campagne.

Voici que HADOPI nous sert à nouveau une bonne part d'Emma Leprince.


Hadopi expliquée



En passant, celui qui a mis cette vidéo en ligne affirme qu'elle est à destination des enfants, sans doute parce que c'est un dessin animé. Je ne suis pas d'accord car il y a des termes techniques comme WPA et WEP, que des enfants ne vont certainement pas comprendre.

Selon ces spots, plein d'artiste ne pourront pas créer sans HADOPI. C'est magnifique de voir que le budget faramineux de la HADOPI sert à justifier l'utilité de sa propre existence. Comme le dit la blague sur le travail : 20% du temps est du travail réel, 80% faire savoir qu'on a travaillé (à moins que ce soit 5% et 95%...).

Voyons en quoi HADOPI aiderait la création...

Emma Leprince ou la cas de la musique

"Artiste + Œuvre = Travail" : Bizarre comme équation. Le "égal" est proprement faux, car a la fin l'artiste est toujours là. J'aurais plutôt dit "Artiste + Travail = Artiste + Œuvre". Et encore, l'opération n'est pas réversible. Il vaut mieux utiliser autre chose : "Artiste + Travail --> Artiste + Œuvre"

Donc un artiste c'est comme un docteur, un boulanger ou un ingénieur. Sauf que la méthode de paiement n'est pas la même. La comparaison s'arrête assez vite. A moins que HADOPI ne prône ce que veulent le américains : que les artistes soient payés à la prestation par le producteur-éditeur, et que ce soit lui qui touche toutes les royalties. Dans ce cas-là, oui c'est pareil.

Mais on apprend tout de même qu'être artiste, c'est bien plus cool que tous les autres métiers. Notre jugement de valeur n'est clairement pas le même. Est-ce très enviable de mourir d'overdose étouffé dans son vomi, ou d'arrêt cardiaque.

"Tout travail mérite salaire." La bonne expression. Donc on passe d'idées de droite ultra libérale, à la très marxiste valeur-travail. Rappelons que les pires contrats de travail sont ceux des artistes. C'est bien de défendre le salaire des artistes, mais il faut commencer par leur donner plus de garantie et de stabilités dans leurs contrats de travail, surtout quand ce sont plus des techniciens que des artistes à part entière. Par exemple, les standardistes de TF1 sont embauchés avec des contrats "artistes". Le contrat artiste permettant à l'employeur de virer l'employé sous prétexte d’insuffisance artistique (un critère non objectif), c'est le contrat le plus instable en France.

Ensuite, on nous présente "la chaîne de la création". Le mot "chaîne" fait plus penser à un système industriel qu'artistique. Il y a en effet des prestataires techniques autour de la musique, de la télévision et du cinéma. Mais les producteurs sont les premiers à ne plus les utiliser, dès que la technique le permet. Par exemple, la réduction de la taille des caméras et des micros, permet d'utiliser moins de personnel. Les autres intermédiaires, ce sont les réseaux de distribution. Mais comme l'eau en bouteille, l'eau du robinet coûte moins chère. Internet distribue de manière moins polluante les films, la musique et les jeux-vidéo. Il y a des métiers qui disparaissent (comme libraire, disquaires) et d'autres qui se créent. C'est la vie.

Visiblement, le seul moyen de rémunération des artistes, c'est nous quand on achète un album... Sauf que c'est faux. Quand on regarde bien la répartition du prix d'un album, on a dans l'ordre des tailles :
- l'éditeur-producteur
- le réseau de distribution
- l'état (TVA)
- le ou les artistes

Et encore, quand l'éditeur ne facture pas à l'artiste, la photo de la couverture de l'album, le vidéo-clip, les CD promotionnels, et tout ce qu'on peut inventer, il a peut-être l'espoir de toucher quelques centimes, quand il vend un million d'album en étant auteur-compositeur et interprète.

Heureusement qu'il y a les concerts où l'artiste est payé directement à chaque concert. C'est sa notoriété qui fait alors sa valeur. L'artiste a largement intérêt à ce qu'un maximum de gens écoute sa musique, même gratuitement, pour pourvoir s'attirer plus de monde à son concert et se garantir de meilleurs cachets.

Sachant que le système de distribution actuel rapporte beaucoup au réseau de distribution et très peu (ou vraiment rien) aux artistes, la distribution totalement gratuite sur Internet semble être une alternative plus qu'acceptable.

On nous dit ensuite que l'artiste devrait pouvoir choisir de ne pas diffuser gratuitement ses œuvres. Il y a là un grave mensonge. Car un artiste inscrit à la SACEM, n'a pas le choix ! La phrase sous-entend que l'artiste peut choisir l'inverse, c'est à dire de diffuser gratuitement ses œuvres par Internet. Or la SACEM lui interdit même de mettre des morceaux sur son blog ! A partir du moment où vous êtes inscrit à la SACEM, toutes vos œuvres sont soumises au bon vouloir de la SACEM. Et même si vous n'y êtes pas, elle collectera tout même vos royalties, et se les mettra discrètement et légalement dans sa poche, si elles ne sont pas réclamée.

Note de dernière minute : la SACEM s'apprête à accepter les licences Creative Commons !

Ensuite, on nous rappelle que les artistes nous émeuvent et qu'on les aiment. Pour ma part, c'est faux : c'est leur musique qui me plaît. Les artistes eux-mêmes sont parfois pédophiles, drogués, préfèrent les hommes, appellent à voter Sarkozy, paient leurs impôts en Suisse, font plein de choses détestables. Je n'en connais pas personnellement, mais ils sont sans doute très détestables pour la plupart. Il ne faut pas confondre, l'acteur et son rôle, le chanteur et sa chanson. Le fait qu'il chante bien ne pardonne en aucun cas ce qu'il peut faire de mal par ailleurs.

Conclusion du spot : grâce à HADOPI, Emma Leprince pourra composer sa chanson en 2022. Ben en fait je ne vois pas le rapport : elle pourra toujours composé sa première chanson, avec ou sans financement. Ni HADOPI, ni la SACEM, ni tout autre organisme représentant les artistes n'a aidé qui que ce soit à prendre des cours de musique et de chant, pour composer une première chanson, surtout la première !

Tue-moi à Gage ou le cas du cinéma

Le cinéma a un système de distribution particulier, puisque les films sont d'abord distribués en salle, puis en vidéo sous différents formats, avant de passer à la télévision.

Notez que le dernier format de diffusion est gratuit. J'inclue d'ailleurs le dernier format de diffusion : le streaming gratuit rémunéré par la pub.

Mais revenons au premier : le confort d'écoute et de vision dans un cinéma n'a rien à voir avec celui qu'on a chez soi. Malgré l'inutilité de la HADOPI, jamais les gens ne sont autant allés au cinéma. Chaque année depuis 10 ans, le record de fréquentation des films est battu, et ce n'est pas un phénomène isolé dû au "Ch'ti" : les gens ont vraiment envie d'aller au cinéma, peu importe le film.

J'aurais même tendance à dire que c'est grâce au téléchargement que les gens ont pris goût au cinéma. La baisse de leur budget en cassette-vidéo et DVD sans diminuer leur consommation de vidéo, a permis de dégager de l'argent de toute façon alloué au loisir. Car le budget loisir des ménages ne monte pas ni ne baisse. Un téléchargement illégal n'est pas une vente en moins, c'est en fait un achat qui est reporté ailleurs. C'est ce que n'ont pas compris les défenseur de la loi HADOPI. Au lieu d'acheter des disques, les gens vont aux festivals de musique et aux concerts. Au lieu d'acheter des DVD, les gens vont au cinéma ou au théâtre.

La consommation gratuite de vidéo, donne envie d'aller au cinéma, ce qui crée un cercle vertu, entre le cinéma et le téléchargement.

Le pire dans ce système, c'est que les majors l'ont compris : elles ont inventé les contrat "360°" qui inclut une part sur les cachets des artistes lors des concert.

Ensuite nous apprenons que PUR signifie "promotion des usages responsables". Ils parlent aussi de "consommation durable". Ils recyclent des termes de l'écologie moderne qui d'ailleurs n'ont qu'un sens commerciale. Les mots "durable" et "responsable" juxtaposés à n'importe quoi donne une impression d'écolo aux pires choses. Auront-on bientôt du "pétrole responsable" ? Ou du "gâchis durable" ?

Méfiez-nous des sites sans ce sigle... Malheureusement, des sites légaux ont décidé de ne pas afficher ce sigle, car les internautes estiment que c'était une forme de soutien à cette loi débile. Ce n'est donc pas gagné !

Rock Secret ou le cas des séries

Aux USA, le site Hulu.com propose de visionner la plupart des séries télé dès le lendemain de leur diffusion en streaming gratuit et légal.

Beaucoup de web-séries ont vu le jour sur Internet.

Mais il y a aussi "Pioneer On", cette série dont tous les épisodes sont diffusés gratuitement sur Internet. La série est entièrement financée par les dons sur Internet.

Selon HADOPI, le téléchargement affaiblie les libertés des artistes : ah bon ? Lesquelles ? Une liberté est par définition "un droit fondamental". Sauf que le code de la propriété intellectuel, n'est pas dans la constitution. Par contre la liberté d'expression, elle, et une liberté, car c'est un droit constitutionnel. Ce droit n'est absolument pas réduit par le téléchargement et le partage : bien au contraire !

Ensuite, on apprend que les gros protègent les petits. C'est en effet, en faisant croire que certaines lois protègent les petits, que les gros s'en mettent plein les poches. En effet, si une petite entreprise voit un gain après cette loi, une entreprise dix fois plus grosse, verra l'équivalent de dix fois ce gain. Par exemple, HADOPI surveille plusieurs œuvres sur Internet. Or les œuvres des majors, même si ces sociétés sont dix fois plus grosse, le cas particulier des média veut que ces œuvres sont mille fois plus vendues et donc mille fois plus partagée. En faisant semblant de protéger les petits, ce sont les gros qui profitent le plus du système HADOPI.

Ensuite, la HADOPI vous explique que vous êtes responsables des actions d'autrui : une exception dans la loi française ! Ce que les experts des plus grandes sociétés n'arrivent pas à faire, vous devrez en être capable : vous devez protéger votre ligne Internet. Chapeau bas ! Soyez égoïste (et donc de droite) ne partagez pas votre ligne Internet avec votre voisin et les passants dans la rue. Moi, je suis un rebelle écolo (car oui, le chiffrage WEP consomme des cycles de calculs inutilement et consomme donc de l'énergie) : mon accès est sans mot de passe.

Mais surtout, si vous prêtez votre ligne à un ami de passage, selon HADOPI, vous serez responsable de ses faits et gestes : une garantie impossible, car l'espionner un ami ou un membre de votre famille pendant des conversations privées en ligne est tout aussi interdit que le partage de fichier ! Ce genre de problème juridique, se règle en général devant un juge. Il est à espérer qu'il n'y ait pas de juge assez corrompu pour estimer que le droit d'auteur est supérieur au droit à la vie privée, même envers ses parents ou son époux.

En passant, commencez à surveiller ses ados sur Internet, c'est tout un programme !

Les solitudes de Sarah ou le cas des livres

C'est clair, sans HADOPI, Sarah traînera sur Facebook, aura plein d'ami, et sera obligé d'écrire sur son blog "les amitiés de Sarah", recevant le prix Zuckerberg du meilleur blog de l'année.

Avec HADOPI, son accès sera coupé, et elle pourra écrire "Les solitudes de Sarah", recevant le dernier prix littéraire de tous les temps, puisque les livres seront tous remplacés par Internet.

Juridiquement parlant, les "avertissements" sont en fait des punitions, car ils vous font monter d'un cran vers la punition réel. Comme il est quasiment impossible de contester cette montée, le système est illégal. Mais comme pour l'instant, aucune punition n'a été distribuée, tout va bien. C'est le jour où il y aura des coupures d'Internet qu'ils auront des problèmes.

Et encore une fois, personne n'a jamais aidé quelqu'un à écrire son premier livre. Sachant comment vivent les auteurs de livres, au delà des fantasmes : seuls quelques élus peuvent réellement vivre du livre. Internet ne fait que rendre inutile les métiers d'éditeur et de distributeur. Ce sont ces intermédiaire qui vont y perdre le plus, pas les artistes.

mercredi 21 septembre 2011

Le débat des primaires socialistes

Voici la vidéo intégrale du débat :




Insolite : celui qui a mis en ligne cette vidéo, c'est Dieudonet.

Je parie que cette vidéo ne restera pas longtemps en ligne à cause des droits d'auteur.

lundi 19 septembre 2011

Droit d'auteur et fausses idées reçues

Contre tout avis démocratique et d'intérêt général, le conseil européen (composé des ministres de chaque pays membre de l'Union Européenne) a adopté l'extension des droits d'auteur.

Tentant d'en discuter autour de moi, je constate que certains ont du mal à comprendre que l'extension des droits présents, bloque sévèrement toute création future, car l'histoire montre que l'art se nourrit de l'art : la création se sert de l'existant pour en faire des créations dérivées, qui peuvent être tout aussi géniales que l'original, sinon plus.

Passons (pour l'instant) au dessus de cette première idée, pour arriver à l'idée reçue qui veut que l'extension des droits protégera nos "pauvres" auteurs, et permettra d'inciter à la création.

La Musique (oui.. la musique)

La rémunération des artistes en rapport avec leur droit d'auteur vers la fin de leur vie, sera essentiellement assuré par la SACEM. Étudions de près cette magnifique entité.

Cette société de droit privée en charge d'une mission publique, se doit répartir les droits d'auteur auprès de ses 100 000 sociétaires. Dans les faits, deux tiers d'entre eux ne touchent rien. Seulement 8,9% gagnent au dessus du smic et 2 000 au dessus de 15 000 € par an.

Quand vous adhérez à la SACEM, sachez que certains sociétaires sont plus égaux que d'autres. Il y a trois niveaux : membre de base, membre professionnel et membre définitif. Pour être membre professionel, il faut toucher au dessus d'une certaine somme de la part de la SACEM. Une autre barrière financière permet de passer membre définitif.

Alors que le membre de basse n'a qu'une voix, le membre professionnel en a 16. Le membre professionnel a aussi le privilège d'être averti des assemblées générales et de recevoir des bulletins de vote. Le membre de base doit se déplacer à Paris pour voter ; tout est fait pour le décourager à s'exprimer.

Le nombre de membre professionnel ou définitif est d'à peu près 2 500, à peu près le nombre de ceux qui touchent au dessus de 15 000€ ou plus par an : c'est logique puisqu'il faut un certain niveau de revenu de la part de la SACEM pour rentrer dans cercle privilégié des professionnels.

Le coût de l'adhésion à la SACEM est de 116 €, avec des critères de notoriété.

Il faut surtout noter que dans le E de SACEM, il y a les éditeurs. Ce sont eux qui ont la plus grosse part du gâteau (et qui changent rarement). La répartition étant opaque, mieux vaut ne pas critiquer la SACEM quand on est auteur ou compositeur. Comme elle est le seul organisme de collecte en France, les auteurs et les compositeurs n'ont pas d'autre choix.

Et encore, si vous faites partie des élus pour toucher le magot, il va de soi que vous avez beaucoup plus de revenus par ailleurs, grâce à votre succès, au travers de concerts par exemple. La SACEM ne vient qu'améliorer votre quotidien.

Comme elle aime à le raconter, la SACEM a été fondée par un auteur et un compositeur qui ont refusé de payer leur consommation dans un café qui jouait leur musique. Voilà ce que permet la SACEM : se payer un bière. Quand on s'appelle Johnny Hallyday, un concert au stade de France représente toute une vie de SACEM.

Mais en regardant la rémunération des hauts cadres de cette société, 235 millions d'euros par an en moyenne pour les cinq premiers dirigeants, on comprend mieux pour qui carbure la SACEM : avant tout pour elle-même. En l'absence de concurrence, elle aurait tord de se priver de taxer à fond les contributeurs.

Tarif qui dépend d'accord corporatiste, taxation sans fondement comme avec les cybercafé, et arrangement avec chaque corporation. Selon le fait qu'un cafetier appartiennent à un syndicat, un autre syndicat ou aucun syndicat, il paiera différemment. Les tarifs résultent plus de la connivence politique qu'une loi des marchés, ou d'une réelle utilité pour le commerçant.

L'allongement des droits d'auteur va inciter les éditeurs à se transformer en gestionnaire de catalogue, au lieu d'investir sur de nouveaux talents. En ressortant tous les vingt ans, les mêmes titres, mais avec des groupes différents, c'est le jack-pot assuré, et la mort de la créativité.

Mais le premier bénéficiaire est la SACEM, elle-même.

* A lire : ramener au nombre d'auditeurs Internet rapporte 9 fois plus qu'une radio, quoique tente de faire croire la SACEM et ses membres éditeurs.

Le cas des œuvres collectives

Parlons un peu du cas des journaux, des dictionnaires, des films, des jeux vidéos, séries télés, et cætera où les auteurs sont rémunérés au forfait. En effet, dans le cas des œuvres où chaque auteur n'a pas une contribution suffisante par rapport à l'ensemble de l’œuvre, l'auteur peut demander (et il est fortement incité par le producteur) à céder ses droits contre une rémunération forfaitaire.

C'est bien entendu le cas le plus courant. Bien évidemment c'est le producteur qui ramasse tout. Sans le producteur, pas d’œuvre : l'auteur est obligé d'accepter. Ces producteurs sont les premiers concernés par l'allongement des droits d'auteur. Comme souvent, une loi présentée comme étant censé protéger les petits (ici les auteurs), offre des avantages énorme à des gros, déjà trop gros (les majors du cinéma, du disque, des éditions, etc).

N'oublions pas aussi, les auteurs en sous-main (les nègres). Le système avantage tellement les auteurs, que certains grands noms se font écrire leur livre par quelqu'un d'autre. Là encore, il y a un échange : sans la réputation du faux auteur, le livre n'a aucune chance de se vendre. En contre-partie, le véritable auteur est rémunéré au forfait. Hommes politique, vedettes de la télévision sont des abonnés réguliers à cette mascarade, pourtant interdite par la loi. N'ayant pas le temps ou le talent, ils seraient bien incapable de pondre la moindre ligne intéressante.

* Le rapport de l'ADAMI où on apprend que les artistes interprètes sont payés au forfait après renoncement des royalties, à un salaire inférieur au SMIC

Cinéma

Parfois, le producteur peut faire miroiter des gains au travers des royalties, s'il veut payer très peu l'un des acteur, le réalisateur, le scénariste, ou tout autre contributeur à l’œuvre finale.

Comme le montre le cas récent de Harry Potter et l'Ordre du phoenix, les société de production se facturent à elle-même des frais suffisamment élevés pour que personne d'autre ne puisse toucher de royalties.

Vous avez signé des royalties sur les bénéfices nets du film : vous vous êtes fait avoir !

L'allongement des droits d'auteur ne va profiter qu'à ces sociétés, mais jamais aux auteurs.

Livre

La rémunération au forfait d'un seul auteur est strictement interdit par la loi. A la place, les éditeurs vous verse un "à-valoir" c'est à dire une avance sur les royalties ; royalties qui sont à 7% du prix de vente hors taxe du livre. Une avance de 2 000 € pour un livre vendu à 15 € TTC, représente 2 000 exemplaires vendus, ce qui représente pour les livres, une excellente vente.

A noter : j'ai pris le taux que la profession met en avant : 7%. La réalité semble plutôt être à 3% ou moins pour un auteur débutant en dehors des grands éditeurs.

Moyennant quelques subterfuges, vous ne verrez jamais vos royalties, mais au moins le "à valoir" est bel et bien dans la poche de l'auteur, car il est non remboursable. Quels sont les subterfuges ? Les mêmes que dans la musique ou les films : la facturation abusive de services (promotion, photo de couverture, vidéo-clip pour la musique, frais de destruction des invendus, frais de stockage, etc), et le non comptage de 10% des livres, qui sont soit-disant offerts à la presse (on peut imaginer, qu'ils sont aussi offerts aux libraires pour la promotion). Même si les lois récentes obligent les éditeurs à fournir les chiffres des ventes, personne ne les contrôle.

Comme toujours, dans l'industrie du divertissement, le nombre d'élu est très réduit, mais gagne beaucoup.

* rapport de la SCAM commenté
* Les pratiques à la limite de la légalité de certains éditeurs
* Ce que gagnent les auteurs

Très peu d'élus pour beaucoup de succès

Dans l'industrie du divertissement et des média de masse, le gagnant remporte souvent tout. Internet est là pour ramener la culture de niche, et de la diversité. Il est maintenant rentable de viser un noyau dur de fans (comme le fait Marc-Édouard Nabe, dont voici le site de vente et d' "anti-édition" comme il veut qu'on le dise).

Mais encore, nous avons vu que ce sont les gros producteurs qui touchent le plus. Le système "droit d'auteur" censé protéger l'auteur, a été largement détourné pour les profits des majors, sur le dos des auteurs. Encore une fois, Internet est là pour bouleverser l'ordre établi en permettant aux auteurs de se passer d'intermédiaires avec son public. (Médiapart, Arrêt sur Image sont autant d'exemples qui s'ajoutent à Marc-Édouard Nabe)

Si le droit d'auteur, tout comme le système des brevets, incite à la création et à l'innovation, un système qui protège sur une trop longue durée, va au contraire bloquer les créations futures. Une invention, se basse toujours sur des technologies existantes pour les améliorer. Les anciennes œuvres doivent rentrer dans le panthéon du domaine public, pour pouvoir être utilisé librement comme une base culturelle commune.

vendredi 16 septembre 2011

Jean-Michel Jarre contre Internet

Jean-Michel Jarre (ou JMJ pour les intimes) colporte ses idées sur Hadopi :


Jean-Michel Jarre et l'Australie :



Ce n'est pas la première fois qu'il parle de la HADOPI, de la faune australienne et de ses idées sur le sujet. Mais profitons de cette fois-là pour descendre ses arguments.


Jean-Michel Jar Jar Binks ne sortira sans doute pas son single, et c'est tant mieux !



Qui est Jean-Mimi ?
Si vous avez moins de 20 ans, vous découvrez ce faux jeune à la chevelure sortie tout droit des années 1980s. A se demander s'il n'a pas aussi les baskets à la McGyver qui vont avec.

Avant Internet (1994 pour le grand public) et avant même que des ordinateurs 8bits envahissent les maisons vers les années 1980, ce musicien utilisait les synthétiseurs pour sortir des sons futuristes à l'époque et jamais entendus. Il est devenu la référence de la musique électronique pour le grand public français des années 1970.

Ce qu'il faisait sur des synthés hors de prix de l'époque, n'importe quel musicien peut le faire maintenant. (Voici un exemple au hasard) JMJ a donc profité temporairement d'avancés technologiques pour se distinguer des autres compositeurs de l'époque.

Quand Jean-Michel Jarre disait "Piratez-moi !"

Les fournisseurs d'accès à Internet ne doivent pas payer

Les fournisseurs d'accès à Internet (ou FAI) sont des intermédiaires techniques (et devraient le rester, mais c'est un autre débat). C'est à dire qu'il fournissent aux clients des tuyaux pour que les informations passent, mais qu'ils ne sont absolument pas responsables de ces informations. Au nom de quoi, devrait-il être faire payer leur client, un surplus ?

Les FAI ne sont pas les "fournisseurs de données" comme le dit JMJ, mais des transporteur. C'est comme si on demandait à la poste de payer les artistes parce que certains colis peuvent contenir des CD et des DVD de musique : il n'y a clairement aucun rapport, car Internet ne sert pas qu'à transporter des données illégales.

Le chiffre d'affaire des fournisseur d'accès est plus proche du demi milliard que des prétendus plusieurs milliards de JMJ. Free du groupe Iliad a un chiffre d'affaire 431 millions d'euros pour 2010. Mais ce chiffre d'affaire sert à payer des gens qui travaillent réellement aujourd'hui, et l'infrastructure du réseau. Est-il juste de prendre une part pour quelqu'un qui a travaillé une fois il y a 70 ans ?

Heureusement, la loi est là pour nous protéger. Il est interdit de faire payer une activité illégale. Tant que les internautes sont considérés comme des pirates, il est impossible de faire payer les FAI. Pour pouvoir les faire payer, il faut d'abord légaliser tous les échanges de fichiers musicaux sur Internet.

Approximation de la licence globale

Je suis contre la licence globale, mais pour d'autres raisons que JMJ.

La licence globale ne consiste pas à remplir son caddieTM pendant un mois de marchandise d'un supermarché. Contrairement aux marchandises d'un supermarché, la musique est immatérielle. C'est plutôt avoir le droit d'entrer dans une exposition est d'avoir le droit de photographier tout ce qu'on voit, sans les toucher. C'est ce que tout le monde fait tout le temps, sans rien payer de plus que le droit d'accès à l'exposition.

A bas la "valeur" de la musique

Ce qui est aberrant, c'est le privilège des auteurs et compositeurs de musiques. Soyons honnête, certaines paroles ne cassent pas trois pattes à un canard.

Je suis pour que le législateur se penche sur les droits d'auteur, mais pour q'il rééquilibre le système entre intérêt de ceux qui détiennent les copyrights et intérêt public. La balance penche trop du côté des copyrights.

Mon plombier, qui est un artiste reconnu dans mon quartier, malgré sa grande maîtrise du chalumeau, n'est payé que pour le robinet qu'il vient d'installer. Imaginez qu'on paie ses héritiers 70 ans après la mort du plombier. C'est ce qui se passe pour la musique.

Alors que des paroles de chansons peuvent parfois tenir sur une feuille de PQ, il m'est difficile de concevoir que ce travail mérite une rémunération aussi longue. C'est une insulte à tous les employés de France.

Approximation sur les brevets

En fait les brevets ont une durée de vie de vingt an à condition de les renouveler tous les ans. Je suis tout à fait pour rapprocher les droits d'auteurs vers le système des brevets, ce qui serait beaucoup plus logique. Le renouvellement doit être une action active et payante de la part de l'auteur, pour éliminer tout ce qui n'est pas rentable.

Ramener les droits à vingt ans encouragerait aussi la création. Au lieu de les diminuer, le conseil européen des ministres a validé contre tout avis démocratique, un allongement de la durée à 70 ans, avec effet rétroactif. La création, se servant de l'existant pour créer de nouvelles œuvres : nous assistons à une prise d'otage de la culture, et un frein majeur à l'innovation.

Mona Lisa

Mona Lisa vaut chère, car elle est unique. Par contre, les photos de La Joconde qui la reproduise très fidèlement sont elles libres de droit (même si les musées ont tenté d'inventer des "droits d'auteur" sur les œuvres de leur collection). Mais ce qui coûte le plus cher, est sans doute l'entretien et la restauration du tableau.

Jean-Michel Jarre a vendu lui aussi un disque unique, mais n'a pas réussi à le vendre aussi cher, très loin de là. On peut comprendre qu'il garde de la rancune contre ce tableau.

vendredi 9 septembre 2011

Contre le prix unique du livre

La France est vraiment un pays qui a un rapport étrange avec son industrie du divertissement.

Comme je l'ai déjà écrit, les français ont tendance à confondre culture et divertissement.

Le prix unique du livre fait partie de ces arnaques politiciennes. Qu'il est bon pour un homme politique de passer pour le défenseur du bon goût français qui illumine le Monde (NdA : c'est ironique). Notez aussi que le livre bénéficie d'une TVA réduite, alors qu'il s'agit d'un produit non essentiel.

Le principe du prix unique

Le prix unique consiste à limiter à 5% la remise possible sur le prix dit "éditeur" (celui qui est imprimé en couverture) pour un livre neuf en stock depuis moins de six mois. En contre-partie, l'éditeur s'engage à racheter les invendus.

Le prix unique du livre est une mesure censée empêcher la disparition des petits libraires. Mais aussi permettre à tous les français de payer le même prix. Dit comme ça, ça paraît beau. Mais en renversant la phrase, ça signifie que les libraires les mieux placés seront obligés de vous vendre largement plus chers que leur seuil de rentabilité.

Cette absence de concurrence est avant tout préjudiciable pour les consommateurs, qui paient de toute façon le prix fort, même pour les vieux titres, car ils ne sont jamais dans le stock du libraire, puisqu'en pratique il n'a pas besoin d'avoir de stock.

Un fonctionnement logique, voudrait que le libraire fasse gaffe au livre qu'il commande en fonction de son public, et qu'il solde les invendus. Avec le système du prix unique, le libraire n'est pas concerné par les invendus. Les éditeurs sont encouragés à passer au pilon les invendus pour préserver la valeur perçue des livres.

Le prix unique du livre, c'est du gaspillage


L'horrible exception Française

Le prix unique du livre est réellement une exception française. Aux USA, quand deux magasins proposent des prix similaires, ils sont soupçonnés d'entente illégale sur les prix. Les magasins ont donc l'obligation de ne pas avoir de prix identiques. L'Union Européenne soupçonne les éditeurs français de s'être entendu sur le prix des livres numériques. Aux USA, une enquête sur Apple a été lancé : ils sont soupçonné de trop standardiser les prix (entre abus de position dominante et entente sur les prix).

Ce qui est imposer par l'état d'un côté, est strictement interdit de l'autre. Le prix unique (surnommé "inique") du livre est vraiment une exception française.


Pourquoi devrait-on sauver les libraires ?

C'est toujours triste quand un lieu qu'on aime disparaît, mais quand un libraire disparaît, c'est bien parce que son nombre de clients baisse, parce qu'il n'est plus assez utile à la société.

Nous avons droit à des campagnes "sauvons nos libraires" (en voici un autre exemple): je suis totalement contre.

Déjà, la "crise du livre" n'est absolument pas passagère. J'ai mis des guillemets car il ne s'agit plus d'une "crise", mais bel est bien de la fin du cycle de vie du livre papier après son apogée à l'âge industriel. Il est contre-productif pour l'état de vouloir préserver des secteurs d'activité en déclin.

Bien-sûr il y aura toujours des livres papiers, tout comme on vend toujours des disques de musique en vinyles, mais ça restera marginal.

La connivence entre le monde politique et l'édition

Les hommes politiques ont toujours eu besoin d'avoir quelques appuis incontournables. Or une vieille tradition française veut qu'un homme politique à un moment ou à un autre, écrive un livre. Je me demande souvent quand ils peuvent avoir le temps d'écrire, vu qu'il n'arrive pas à faire des choses autrement plus importantes, comme assister aux séances de l'assemblée nationale. Et d'où leur vient leur talent soudain pour l'écriture ?

Ils ont donc besoin d'un nègre, que n'importe quel éditeur s'empressera de leur fournir gratuitement, contre retour d’ascenseur, le moment du vote des lois venu.

Le snobisme intellectuel a encore frappé

Bien-sûr, les libraires sont auréolés du mot culture, ce qui nous empêche de raisonner sainement. Il est totalement absurde de subventionner par l'argent de l'état des pratiques qui vont contre l'intérêt commun, et qui n'ont aucun avenir.

Pourtant c'est ce que fait l'état quand il ne taxe qu'à 5,5% les livres, quand il impose un prix unique, empêchant la concurrence de jouer son rôle, empêchant la vente en solde des livres invendus : que de gaspillage !

Sachant que les livres les plus vendus, ce sont des histoires d'amour du style collection Arlequin. Dans la pratique, nous sommes très très loin de la soit-disante culture que veut défendre le prix unique.

Nous mélangeons culture et divertissement. Le livre est avant tout un objet de divertissement. La TVA à 5,5% n'est absolument pas justifiée pour un produit de divertissement.

Si les livres ne se vendent pas assez pour faire vivre telle ou telle partie de la chaîne de production d'un livre, ce n'est pas à l'état d'intervenir pour sauver les éditeurs, les libraires ou les imprimeurs. S'ils ne font pas assez de chiffre d'affaire, c'est qu'ils ne sont pas suffisamment utiles pour la société. C'est aller contre l'intérêt commun de vouloir maintenir en vie des sociétés non rentables, et à partir du moment où ces sociétés ne rendent pas un service public essentiel et irremplaçable : dans le cas des livres, il existe maintenant des sociétés de vente par correspondance qui remplace avantageusement les libraires locaux.

Le prix unique du livre numérique

Plutôt que de pérenniser notre idiotie nationale en inventant un prix unique du livre numérique. Il aurait mieux valu libéraliser totalement le prix de tous les livres.

Un livre numérique doit voir sa valeur baisser au fur et à mesure du temps, afin de favoriser sa vente. Une sorte de vente au enchère inversée. Car sur Internet, le nombre de copie produite n'a pas de limite : c'est un marché d'abondance. Il faut donc jouer sur l'envie qu'à l'acheteur de l'acquérir le plus tôt possible, par rapport à son budget effectif. Avec le prix dégressif dans le temps, chacun pourra se l'acheter selon ses moyens, les plus snobs pouvant se vanter de l'avoir acheter avant tout le monde.

C'est d'ailleurs ce système qu'utilise Steam Powered pour les jeux vidéos, avec même des bonus ou des réductions pour ceux qui achète en pré-commande.

En passant, la loi sur le prix unique du livre numérique se heurte à une impossibilité juridique : comment imposer à un vendeur situé à l'étranger de respecter la loi française ? Des logiciels comme TOR permettent de passer commande de n'importe où. Comment appliquer une loi inapplicable ? C'est tout simplement impossible.

Conclusion

Le livre se meurt : vive le livre.

Comme pour un pansement, mieux vaut l'arracher d'un coup que tout doucement. Je préconise la TVA à 20% et la fin du prix unique. Ainsi pas d'agonie longue et douloureuse : les libraires qui n'ont pas de modèle économique viable, fermeront plus rapidement leur porte.

mercredi 7 septembre 2011

Hatsune Miku

Hatsune Miku est l'un des phénomènes en lien avec la créativité et Internet des années 2007 à aujourd'hui. Pourtant, si vous en avez entendu parler dans les média traditionnels, c'est sûrement en ces termes : "regardez, ces japonais débiles qui s'extasient devant un hologramme" : exemple par l'autoproclamée "spécialiste Pop-Culture" de Canal +. (Exemple en apparence neutre mais avec autant d'omission : France Soir).

Les mensonges des journalistes

Pour une "spécialiste pop et nouvelle tendance", la journaliste de Canal + mérite un zéro pointé.

Notons d'abord qu'il ne s'agit pas d'un hologramme, mais d'une représentation "3D" en 2D du personnage, ce qui signifie simplement que le dessin en deux dimensions respecte des règles réalistes de perspective visuelle.

Un jour, j'écrirai un article développant la fausse neutralité des média français, et comment on peut déformer la réalité par l'omission. Nous voici devant l'un des nombreux exemples.

Première omission : l'histoire du personnage, pourtant facile à trouver, grâce à Internet. Mais lire Internet, c'est sans doute pour les débiles.

Deuxième omission : le contexte du concert. Les concerts de Hatsune Miku ont eu lieu dans le cadre de festivals d'animation, assurant aux organisateurs une concentration de fans suffisant pour remplir la salle de concert. En plus, comme dans tout festival (de musique, scientifique, etc..), les organisateurs proposent des billets donnant accès à toutes les activités. Donc les personnes étant dans la salle, n'étaient pas là spécifiquement pour voir la chanteuse virtuelle, mais dans un esprit de divertissement autour de thèmes communs tout au long d'un week-end.

Troisième omission ou ignorance manifeste : les premiers à avoir inventé la vedette virtuelle, ce sont nous, les européens. Eh oui, si les japonais sont débiles, nous le sommes encore plus ! Le premier groupe virtuel, composer de chanteurs et de musiciens interchangeables (sauf la voix du chanteur principal) est Gorillaz. Et ils font des concerts virtuels.

* Vidéo du concert de Gorillaz sur Youtube (que Youtube ne veut pas qu'on incorpore dans des blogs)

* Gorillaz et Madonna :


Pour une spécialiste de la "Pop", elle ne connaît même pas ses classiques.

La naissance Hatsune Miku

Hatsume Miku est la toute première version du logiciel japonais de musique nommé vocaloid 2. Ce logiciel est commercialisé avec un dessin à la japonaise pour illustrer la boîte. Cette illustration est alors la seule existante :


Le logiciel qui est à destination des compositeurs et auteurs de paroles, a pour but de donner une voix aux compositions musicales.

Le logiciel Vocaloid 2 a été dérivé en 22 versions, apportant chacune des voix différentes (et des couvertures de pochette apportant des personnages supplémentaires), mais c'est le premier de la série (Hatsume Miku) qui restera vraiment emblématique.

Le logiciel contient toutes les syllabes japonaises (48 en tout) que l'on peut relier à un clavier de synthétiseur pour les rejouer sur la durée et la note voulues. Vous tapez vos paroles, puis vous les jouez au clavier (de type piano) : on ne peut pas faire plus simple.

Le décollage par Internet

Hatsume Miku va alors profiter d'un mème Internet qui n'a au départ rien à voir : la fille au poireau. La chanson est "Ievan Polkka" par Loituma un groupe finlandais. Le complet de la chanson utilisé est du scat, et n'a donc aucun sens. Le légume utilisé n'est pas un poireau, mais peu importe.


En passant, la chanson d'origine est très jolie, aussi bien dans sa version d'origine de Loituma que dans sa reprise par Nova Vox.

Un mème ou phénomène Internet se traduit par le fait que ce contenu est fortement partagé sans que cela vienne d'une décision centralisée (comme un directeur de programme de télé ou un rédacteur en chef).

Un mème Internet fournit ainsi un point de référence culturel commun à plein de personnes, permettant l'apparition de travaux dérivés, servant à relancer et à agrandir le mème d'origine. (exemple pour Loituma Girl)

L'un de des travaux dérivés de la fille au poireau est la reprise de la chanson par Hatsume Miku, avec une animation de trois images ou elle tient un poireau :


Ainsi, le poireau devient le "sceptre" officiel de Hatsume Miku, qui réapparaîtra régulièrement, bien qu'il ne fasse pas parti de son concept original.

En passant : oui, ce mème a aussi été repris par une société de sonnerie de téléphone, qui lança la chanson Dolly Song avec Holly Dolly (qui n'échappa pas à la critique de la récup).

Ce qui était à la base une simple blague par dessus une blague devient le décollage du concept : Hatsume Miku se retrouve avec des milliers d'auteurs-compositeurs amateurs. Dans le lot, il y a forcement de très très bons morceaux qui émergent. Même si le style "Pop japonaise" est le plus apprécié au Japon, le logiciel offre une utilisation sans limite dans tous les styles de musique existant.

L'extrait utilisé dans le grand journal de Canal +, était un morceau de techno très simple. Cette musique n'a pas été choisie par hasard : c'était la moquerie de ce qui n'était pas de l'élitisme français (voir parisien intra periphero) qui a été mis en avant.

En lien, voici une liste non exhaustive des chansons originales et des reprises de Hatsume Miku.

Ainsi la vedette devient réellement un phénomène de création participative, ou un compositeur peut demander de l'aide pour les paroles ou la réalisation d'un clip vidéo. Elle sera même utilisé dans des chansons d'album d'artistes des majors du disque.

Voici une reprise magnifique "a capela" (si l'on peut dire), de la chanson du générique de fin de Laputa :


La voix de Hatsume Miku sera de nouveau utilisé dans un autre mème encore plus célèbre : Nyan Cat


Le logiciel de danse

En plein boum de la vidéo par Internet, il ne manque plus qu'à donner un peu de visuel aux morceaux de musiques qui fleurissent.

Un logiciel gratuit créé par un fan apparaît : "Vocaloid Promotion Video Project" aussi nommé "Miku Miku Dance". Il devient le plus utilisé et des concours sont organisé autour de ce logiciel.

Le remake de "Virtual Insanity" :


La comparaison avec l'origianle de Jamirocaï :


Le remake de la vidéo d'introduction du festival Daicon IV (1983) avec la chanson "Twilight" de Eletric Light Orchestra :


Le remake de "Smooth Criminal" de Micheal Jackson version concert avec d'autres personnages que Miku :


Je vous invite à rechercher "MikuMikuDance cup" sur Youtube.

Les japonais : champions du marketing

Plusieurs jeux vidéo ont vu le jour sur PSP et PS3. Nintendo a annoncé un jeu sur 3DS.

Sony Music a signé avec certains des auteurs et des compositeurs amateurs pour sortir des albums "officiels" de Miku.

La récupération pour les concerts "virtuels" n'est qu'une suite logique du phénomène.

L'avantage du personnage est qu'il aura toujours 16 ans (l'âge idéal des chanteuses "idoles" japonaises, mais aussi l'âge du public réellement visé par le marketing musical au Japon, bande de pervers !)

Et le logiciel Vocaloid 3 est sur les rails : encore plus réaliste.

Ceci n'est pas la fin !

Liens
* Hatsune Miku sur Wikipedia
* Hatsune Miku sur Rue89
* Hatsune Miku par Ermite Moderne partie 1 et partie 2

Parmi les vidéos les plus vues :