vendredi 28 septembre 2012

L'adjoint au maire de Paris contre le périph'

L'adjoint au maire de Paris, René Dutrey, veut réduire la vitesse du boulevard périphérique parisien de 80 km/h à 70 km/h.

Je suis ni pour ni contre, mais je trouve tout simplement cette mesure ridicule.

René Dutrey est au parti Europe Écologie Les Verts, ce qui rend son jugement quelque peu partial sur la question.. Mais surtout, je suppose qu'il habite Paris, se déplace en vélo et n'a donc aucune idée de ce qui se passe sur le périphérique et n'a même pas la moindre notion sur la théorie de la circulation automobile.

Ce qui l'intéresse, doit être de se faire réélire en utilisant l'ignorance des bobos parisiens sur ces questions.

Selon lui, réduire la vitesse sur le périphérique permettrait :

  • de baisser de 5% les émissions de polluants
  • de fluidifier le trafic en évitant les effets accordéon. Il a même dit à la télé que ça décongestionne les sorties du périph'.
  • de réduire les nuisances sonores de 1 à 2 dB

80 km/h sur le Périph' ?

Qui a déjà pris le périphérique sait qu'il est difficile d'atteindre la vitesse de 30 km/h de toute façon. Autrement dit, quand la pollution est maximum, personne ne roule vite ! Les pollutions sonores et aériennes dûes aux voitures sont plus le fait des voitures qui ne roulent pas que de celles qui avancent réellement.

Quand on peut rouler à 80 km/h, c'est en fait qu'il y a très peu de monde sur le périphérique. Autrement dit, l'impact d'une telle mesure est annulé par le fait que très peu de véhicules arrivent à atteindre une telle vitesse sur une journée.

C'est d'ailleurs pour ça que je me dis ni pour ni contre à la base : de toutes façon ça ne changera pas grand chose !

Nous allons tout de même faire semblant de croire que cette mesure va réduire la vitesse de 80 à 70 km/h pour contredire les autres arguments de René Dutrey.

Le temps de parcours

Argument choc de René Dutrey : le temps de parcours du périphérique en faisant le tour n'est allongé que de 4 minutes.

Je lui retourne son argument : 270 000 véhicules vont polluer 4 minutes de plus les alentours de Paris chaque jour !

Réduire la vitesse sur le périphérique permettrait de baisser de 5% les émissions de polluants ?

Il existe bien des articles qui explique que rouler sur autoroute à 110 plutôt que 130 permet d'économiser 1 litre d'essence : les fameux 5%. René Dutrey a bien l'air d'extrapoler ce résultat avec les vitesse 70 et 80 km/h.

Sauf qu'un véhicule à énergie thermique utilise des rapports de vitesse au niveau de sa transmission. La consommation à 80 km/h est la même qu'à 60, 40 ou 20 km/h, tout simplement parce que le conducteur appuie de la même manière sur la pédale d'accélération !

Donc la consommation à 30, 50, 70 et 90 est sensiblement la même et légèrement supérieur à 20, 40, 60, et 80.

Même si la vitesse était constante, René Dutrey aurait tord !

Moins de bouchons aux sorties ?

Voici un résultat de la théorie de la circulation, qui est contre-intuitif : quelque soit la vitesse le débit maximum d'une route (nombre de véhicules par minute) reste quasiment constant.

En excluant les petites vitesse, le débit maximum d'une route ne change pas à cause des distance de sécurité. Ces distances dépendent du temps de réactions des humains, soit 2 secondes. Donc une route ne peut pas débiter plus d'une voiture toutes les 2 secondes par voix, quelque soit la vitesse.

Dans ma démonstration, j'ai négligé la longueur des véhicules (3 à 4 m). Pour les petites vitesses, la longueur des véhicules ne peut plus être négligée.

Ainsi, le nombre de véhicules voulant sortir du périphérique à un moment donné ne changera pas.

Moins de bruit ?

En fait en réduisant la vitesse, vous augmenter le nombre de véhicules que peut contenir un tronçon de route. Les distances de sécurité étant réduites, plus de véhicules circulent.

Je reprend aussi l'argument du régime du moteur avec les rapport de vitesse : à 70, le régime du moteur est plus haut qu'à 80 car il faut utiliser un rapport de vitesse inférieur. Les deux réunis, me laisse penser qu'en roulant moins vite, on peut faire plus de bruit.

René Dubrey : une vision dogmatique anti-bagnole

Ce n'est pas moi qui le dis, mais le blog "Paris est sa banlieue". "Il a une analyse dogmatique et politicienne, lourde d’incompétence du dossier." Le dossier était "la mobilité en Île de France".

Le pire est que l'article que je cite date de 2006. Le personnage n'a pas bougé d'un iota depuis 6 ans. Malgré le vélib, l'autolib, les couloirs de bus géants avec muret et infranchissable, le retour des tramways, la mairie peine à prouver l'utilité de ses mesures anti-voiture !

Selon Atlantico, la mairie de Paris manipule les chiffres pour faire croire que les parisiens utilisent moins leur voitures : "les statistiques de l'observatoire des déplacements de la mairie calculent le nombre de véhicules à quatre roues passant sur un kilomètre de voirie en une heure. Les embouteillages réduisant ce chiffre, ils sont comptabilisés comme ayant contribué à diminuer la circulation ! Bref, la maire tire parti de sa propre turpitude"

jeudi 27 septembre 2012

Faites vos mots fléchés en moins de 10 minutes

Voici un lien qui va accélérer vos résolutions de mots-fléchés des journaux Métro, 20 minutes et Direct-Matin.

Voici toutes les définitions classées selon le nombre de lettres :

Bien entendu, il n'y a pas tous les mots au delà de 5 lettres, mais vous aurez au moins tous les mots entre 2 et 4 lettres, ce qui remplit bien votre grille.

En plus, notre cher cruciverbiste utilise des définitions uniques. Ainsi un "fleuve ibérique" en 4 lettres est forcément "TAGE", même s'il existe 3 ou 4 autres fleuves ibériques en 4 lettres.

Par contre "Note" en 2 lettres, vous aurez bien 8 mots possibles.

Merci qui ?

mardi 4 septembre 2012

Tout serait de la faute d'Internet

Pour ce billet de blog je vais faire simple. Je vais reprendre la critique de Natacha Polony sur les jeux vidéos. Mon contre-argumentaire est recyclable pour n'importe quelle critique anti-jeu-vidéo ou anti-internet.

Jean-Marie Pontaut, commence par nous expliquer que de plus en plus des individus mettent en ligne des vidéos de meurtre, torture et autres horreurs sur Internet. Il n'a pas le temps de conclure, mais on comprend très bien le sous-entendu. Internet et les jeux-vidéo seraient responsables de tous les maux du monde, et notamment de ce qu'a fait Merah.

Rappelons à ces Ayatollah de la moral, qu'avant eux, certaines têtes pensantes de l’Église ne voulaient pas que le bas peuple apprennent à lire, ou pire écrire, que la musique permettait aux jeunes de dansaient en couple (!), le rock et les disques amenaient des danses saccadées dignes de vous-savez-qui, la radio amenait les débats politiques dans le sein même des foyers, que la télé montrait des gens qui se tuent, sans moral et dans la plus grande bêtise.

En son temps, Ségolène Royale trouvait très dangereux de laisser ses enfants devant les "japoniaiseries", telles que Goldorak ou Candy (à la place mieux vaut-il regarder Dallas ou Santa Barbara ? Ou des jeux si peu intelligent tel Une famille en or qui a l'avantage commerciale de ne nécessité aucune culture générale...). (En lien, une critique du livre Ras-le-bol des bébés-zappeurs).

Voici la bande-annonce d'un film de 2001, qui montre bien que la volonté de devenir célèbre grâce à des vidéos-amateur n'est absolument pas dû à Internet, car Youtube n'est apparu qu'en 2005. Dans ce film, le héro sociopathe et meurtrier sans conscience ne rêve que de devenir célèbre en passant à la télé.

Dans la première vidéo, Natacha Polony dit "On va encore avoir des réactions" : merci Natacha de nous prévenir que tu vas troller. Ca n'en reste pas moins du troll sans fondement scientifique concret.

Exactement comme pour le rock, les dessin-animés japonais, et la lecture, les jeux-vidéo en ligne sont la cause de la déchéance des ados français. La nouveauté dans le paysage culturel français est à chaque fois la bonne cible des autoproclamé défenseurs de la morale.

Rendez-vous compte : au lieu d'aller dehors, se confronter aux mille-et-uns dangers (que les parents s'inventent), voilà que le nouveau danger, est forcément ce qui n'existait pas auparavant : les jeux-vidéo et Internet.

Mais voici une bonne vidéo qui tourne en dérision tous les discours qui disent qu'il existerait une addiction aux jeux-vidéo :

De toute façon, la pauvre Natacha se fait bien remettre en place dans la première vidéo. Les jeux-vidéo se vendent bien mieux que le cinéma : beaucoup de monde y jouent, et parmi eux, il y a des tueurs en série. Ca n'est pas un critère pertinent !

Mais au delà de la volonté de protéger nos chers enfants, de quoi voulons-nous vraiment les protéger ? De la réalité ? Vaut-il mieux leur expliquer que les cadeaux viennent du Père Noël, mais qu'ils doivent tout de même remercier leurs grands-parents, pour une raison qu'ils ignorent... Que les chocolats de Pâques sont apportés par des cloches et ne sont pas cachés par les parents. A force de protéger les enfants, seront-il capables un jour d'aller acheter le pain tout seul ?

Il est effectivement légitime de s'alarmer d'une surexposition à la violence, mais pas pour la raison qui paraît "logique". Le danger n'est pas que nos enfants deviennent violent, mais qu'ils croient être des super-héros qui peuvent toujours faire triompher le bien. Ou alors qu'ils s'identifient en victime, et ne sachent que faire si aucun super-héros ne vient les sauver.

Que vont-ils faire s'ils sont brimés à l'école ? Je n'ai jamais vu aucune série apportait une bonne solution, et pourtant là, ça serait intéressant...

lundi 27 août 2012

Analyse de l'immobilier en France

L'analyse de l'immobilier en France, montre qu'il y a de fortes croyances dans la population (toutes fausses) :
  • l'immobilier ne baisse pas / monte toujours
  • un locataire n'a plus rien / un propriétaire a une maison quand il a fini de rembourser

Tant que la France avait le franc, effectivement l'immobilier avait une valeur en franc qui augmentait tout le temps. Mais se fut au prix de plusieurs dévaluations tout au long du siècle : 1919, 1922, 1924, 1928, 1931, 1936, 1940, 1945, 1948, 1958, 1969, 1981, 1982, 1983 (dévaluation directe, ou indirecte ; par exemple en remontant le mark).

Oui, dans ces conditions, les français avaient tout intérêt à emprunter et à rembourser sur une période la plus longue possible : une dévaluation interviendrait forcément, et les banques étaient remboursées en monnaie de singe.

Mais avec les allemands aux commandes de la banque européenne, avec leur rigueur légendaire ils vont tout faire pour préserver la valeur de l'euro. Ne comptez pas trop sur une inflation galopante, où votre salaire augmentera plus vite que ce que vous devez rembourser.

Même quand l'immobilier ne baisse pas, il engendre des frais pour qu'il conserve sa valeur. L'entretien, les mises au normes (qui vont devenir de plus en plus sévères), les taxes (d'habitation), les impôts (locaux et fonciers) et les frais de mutation (que vous payez au notaire au moment de la transaction), sont autant de dépenses qui rendent moins rentable l'achat d'un bien immobilier. Si l'acheteur ne compte pas y habiter au moins sept ans, un achat n'est pas rentable. Et encore, avec l'augmentation de l'immobilier ce chiffre a sûrement encore augmenté.

L'austérité à la rescousse des libéraux

L'austérité est souvent présentée comme l'autre solution face à une crise. Les effets recherchés sont les mêmes que lors d'une dévaluation : une augmentation de l'attractivité du pays d'un point de vue purement financier.

Mais cela marche, seulement si le pays qui fait une cure d'austérité est le seul à la faire. Un pays devient plus attractif, si tous les autres restent au même niveau d'attractivité. Reste à savoir, si les pays de l'union européenne se sont unis pour se concurrencer fiscalement, ou s'ils se sont unis pour que les puissances publiques fassent un front commun aux entreprises privées, pour assainir uniquement la concurrence privée...

Vidéos

Voici une vidéo de Philippe Manière qui affirme que l'immobilier ne sert à créer une valeur pérenne pour la nation.

Selon moi, son analyse est la bonne. Mais l'immobilier représente une part non négligeable du PIB. Les propriétaires, ce sont les retraités : la part conservatrice de l'électorat qui vote à droite. Si la droite revient au pouvoir, elle va à nouveau avantager l'immobilier.

BFM, les experts : la bulle immobilière sur Vimeo.

Voici une bonne analyse du marché immobilier et un coup de balaie sur la croyance de la pénurie de logement. La raison de la bulle est la facilité d'obtenir des crédits. Mais qui a créé les prêts à taux zéro ? C'est Sarko ! Le prêt à taux zéro a servi à augmenter la demande sans augmenter l'offre. Selon les principes de l'offre et de la demande, dans ce genre de situation, les prix montent... et nos propriétaires français ont l'illusion d'être riches.

jeudi 23 août 2012

La fusion du CSA et de l'ARCEP : une très mauvaise idée !

La fusion du CSA et de l'ARCEP est une idée absurde !

D'un côté, l'ARCEP s'occupe de réguler les moyens de communication c'est à dire les contenants, et l'autre, le CSA s'occupe de réguler les programmes des chaînes de télévision et des radios, c'est à dire les contenus.

D'un côté, l'ARCEP régule les conflits entre Orange, Bouygues-Télécom, SFR, Illiade-Free et leurs clients. De l'autre, le CSA réguler les conflits entre TF1, France-Télévision, Canal+, M6, et leur public.

Certes, par la force des choses, le CSA avait quelques compétences techniques, car il fallait bien attribuer les fréquences de la télévision et de la radio. Mais ça restait superficiel car le but était surtout d'offrir un panel large de chaînes et de radios aux français. L'ARCEP quant à elle est purement technique. Son but est que le plus grand nombre de français soient atteignables par les réseaux des opérateurs.

Alors qu'avec les chaînes de télévision l'aspect technique pouvait sembler sommaire. En matière de télécommunication, les aspects techniques sont primordiales. Les missions du CSA peuvent aussi concerner les contenus sur Internet sans jamais toucher à l'aspect technique des réseaux de télécommunications.

Par exemple, imaginer que nous ayons une autorité des livreurs de colis, et une autorité des vendeurs par correspondance qui édictent chacune leur règlement dans leur domaine. Pourquoi voudriez-vous fusionner l'autorité des livreurs dans celle de la VPC ? Ou l'inverse ? Ça n'a pas de sens car vous demanderiez à la nouvelle autorité d'être compétente sur deux domaines distincts.

Fusionner le CSA et l'ARCEP n'apporte aucun avantage. Ça ne mutualise rien. Ça ne simplifie rien. Par contre, il y a de réels risques de prise de mauvaises décisions à cause du manque de compétence technique des membres de l'autorité fusionnée.

La volonté de rapprocher l'ARCEP et le CSA, démontre surtout que le Premier ministre n'a rien compris aux rôles des deux autorités. Le CSA peut très bien voir son rôle étendu aux contenus sur Internet sans jamais empiéter sur la mission de l'ARCEP.

Cela donne l'impression que Jean-Marc Ayrault a une vision très "minitel" d'Internet. Il veut qu'Internet soit comme la télévision. Ben non, Internet n'est pas la télévision. Internet n'est pas un minitel amélioré. Internet permet de diffuser comme le fait la télévision, mais il permet aussi à chacun de devenir émetteur vers tout le monde.

Vouloir appliquer des règles très lourdes de grand diffuseur à chaque Internaute est de toute façon absurde.

jeudi 12 juillet 2012

Les lacunes du traité de stabilité européen

Les économistes, même les plus libéraux ont des notions qui identifient des situations de concurrence déloyales. Le rôle des instances européennes (conseil européen, parlement européen) est d'ailleurs de réguler et préserver cette concurrence.

Le traité européen de stabilité traite les problèmes de l'Europe par le bas.

Si tous les pays ont le même niveau de taxation sauf un qui est au dessus des autres : il semble normal et juste que ce pays rectifie ses impôts afin qu'il soit au même niveau que les autres. Jusque là tout va bien.

Oui, mais imaginons l'inverse : un pays qui baisse drastiquement  son niveau d'imposition dans un domaine de l'économie... Que se passe-t-il ?

Ce pays va attirer à lui toute l'activité de ce domaine tout en privant ses partenaires européens d'une source de fiscalité. Ce dumping parasitaire est très dommageable pour l'ensemble de l'Europe, mais très profitable pour le pays qui pratique ce dumping fiscale : il a plus d'activité et collecte plus d'impôts au niveau de l'Etat car il concentre toute l'activité européenne sur son territoire, mais au niveau européen largement moins de taxes sont prélevées.

Mais au lieu d'impôts imaginez qu'il s'agisse du coût de la main d'œuvre. Il y a là aussi  moyen de faire du dumping à outrance.

Car le problème de l'Europe n'est pas uniquement le fait que les états dépensent trop ; c'est aussi que chaque état pratique son petit dumping fiscale dans son coin, privant tous ses partenaires d'une source de taxation. En fin de compte, ce dumping généralisé et croisé entraîne l'Europe par le fond.

  • Royaume-Uni : fiscalité des banques extrêmement basse. Paradis fiscaux dans le common wealth
  • Irlande : fiscalité extrêmement basse pour les sociétés informatiques
  • Luxembourg : fiscalité basse pour les sociétés ayant une activité extra européenne. fiscalité basse pour les sociétés propriétaires d'immobilier.
  • Allemagne : les travailleurs qui n'ont pas de syndicat historiquement fort n'ont pas de salaire minimum. Les lois sur les allocations chômage obligent (théoriquement) les allemands à accepter du travail qui ne rembourse pas leurs frais de déplacement.

Le traité européen de stabilité est là pour dire à tel état qu'il dépense trop, qu'il taxe trop ou qu'il régule trop (le travail, la finance, l'écologie, etc). Mais à aucun moment il ne va dire que tel autre état pratique un dumping fiscale scandaleux.

La vérité est que l'Allemagne était déjà trop compétitive en 2003, mais qu'elle a instauré une série de réformes sur l'assurance chômage la rendant encore plus compétitive, beaucoup trop compétitive. Et vous voulez que les autres pays courent après ça ?

En 2002 la City de Londres gérait 10% des fonds d'investissement européens. En 2007 elle en gère 80%.

L'Allemagne est le pays européen qui a la balance commerciale la plus positive. Mais regardez mieux, sa balance avec la Chine est négative. L'Allemagne est surtout positive avec tous ses partenaires européens. La compétitivité allemande met en péril tous les autres pays.

A l'époque où chaque pays avait sa propre monnaie dont il contrôlait le taux de change, chaque pays avait la possibilité de dévaluer sa monnaie pour redevenir compétitif par rapport aux autres pays. Mais si tous les pays dévaluaient leurs monnaies en même temps, ils se retrouvaient tous au même niveau.

Nous sommes maintenant exactement dans la même situation, mais au niveau des dépenses publiques : le but d'une cure d'austérité est de rendre un pays plus compétitif par rapport aux autres pays européens (ne nous leurrons pas, il est impossible d'être aussi compétitif qu'un enfant leucémique chinois ou indien !), en attirant plus d'investissement sur son territoire. Et donc son effet est le même qu'une dévaluation de la monnaie. Si tous les pays appliquent une cure d'austérité en même temps, tous les pays se retrouvent au même niveau.

mercredi 27 juin 2012

Open Data

L'Open Data consiste à rendre disponible au public, des données créées par des institutions publiques ou des sociétés privées ayant une mission publique, quand leur mission principale n'est pas de vendre ces données. Bien entendu, ces données ne doivent pas être des données à caractère privé.

En disant "rendre public" implicitement, il est dit que le format des données n'est pas un format fermé ou protégé mais un format normalisé (synonyme de "format ouvert").

Le but est de permettre l'émergence de nouveaux services par des sociétés ou des associations, qui auraient pour but de présenter ses données sous une forme utilisable.

L'Open Data est donc créateur d'emplois. L'Open Data consiste à dire que la valeur ajoutée n'est pas dans les données brutes, mais dans leur mise en forme et leur interprétation.

Mais pour que ces services créateurs d'emplois puissent apparaître, il faut que la matière première ait un coût fixe (tant qu'à faire gratuit !) et que sa fourniture soit garantie (tant qu'à faire, obligatoire grâce à la loi).

Mais concrètement qu'est que c'est ? Voici quelques cas pratiques.

Mes Transports m'emportent

Imaginez ! Imaginez une application sur votre téléphone portable. Une application qui ne va pas envoyer votre position géographique ni vos identifiants de carte SIM ni de téléphone à un serveur privé.

Imaginez une application qui connaît toutes les positions des rues, des arrêt de bus, de tramway, de métropolitain, des bornes de locations de vélo, des bornes de location de voitures, des taxis et du nombre de taxis sans voyageur.

Imaginez que vous puissiez dire à l'application où vous voulez aller, et qu'elle prenne en compte la météo avant de vous proposer de prendre un vélo, que vous lui avez dit si vous aviez un abonnement au métro, aux vélo, aux voitures, et qu'enfin vous puissiez lui dire si vous êtes pressez peu importe le prix, avec une limite de prix ou qu'il est hors de question de dépenser plus.

Ben arrêtez d'imaginer, car sans l'Open Data, une telle application est proprement impossible !

Prenons comme exemple, le Grand Paris. Oui vous avez plusieurs application :

  • Une application RATP pour le métro, les bus, le tram
  • Une application SNCF Transilien, pour la même chose et en plus les ligne SNCF banlieue et les bus en dehors de Paris
  • Une application "Paris ci la Sortie du Métro" pour savoir où se placer dans une rame de métro et arriver devant la sortie qui vous intéresse
  • Plusieurs applications pour localiser les station vélib
  • Une application Autolib
  • Plusieurs applications sur les Taxis, dont les Taxis Bleus
  • OpenStreetMap ou GoogleMap pour vous orienter à pied

Mais ces applications ne fonctionnent pas ensemble. Il est même très fastidieux de passer de l'une à l'autre, et en plus elles vont chercher leurs informations par Internet, alors qu'il serait techniquement possible de tout stocker dans le téléphone.

Toutes les données dans ces différentes applications ne sont pas disponibles réellement publiquement : nous pourrions penser que c'est pour une question de coût. Que nenni ! Si vous allez sur leurs sites (SNCF, RATP) vous vous rendez compte qu'ils s'arrange pour que vous n'ayez accès aux horaires qu'en choisissant deux gares sur deux ou trois trains !

Économiquement aucun de ces acteurs n'a intérêt à inclure dans son application les autres. Par contre, s'ils étaient obligés de rendre public, dans des formats ouverts

Note : la Communauté urbaine de Strasbourg a une application android "StrasMap" qui regroupe bus, tramway, vélo, piéton et voiture.

Exemple par l'absurde

Je me suis retrouvé dans une situation absurde avec les trains grandes lignes : je dois me rendre à une gare donnée en train mais où prendre le train au départ ? Sachant que des amis me déposent, quelles sont les gares possibles sur leur chemin sans trop les détourner et à quels horaires ? Au final je me suis servi de Google Maps pour suivre la ligne de chemin de fer et repérer les gares !

Bien entendu, j'ai acheter mon billet en ligne, mais il n'y avait pas d'automate pour le retirer dans la gare en question et le guichetier a été infoutu de le retrouver alors que dans une autre gare ils ont pu. Mais trop tard, j'en avais plus besoin et j'ai perdu 20% du prix du billet alors que c'était la SNCF qui était en tord !

Le Tarif des Médecins

Le site gouvernemental de l'assurance santé, Ameni, a mis en ligne le tarif des médecins. Sauf qu'il faut choisir médecin par médecin afin d'avoir son tarif. Des journalistes ont réussi à extraire l'ensemble des données de l'application et ont pu dresser une carte de Paris des tarifs des médecins.

En France, on n'a pas de pétrole... et de mauvaises idées

Le gouvernement Sarkozy a eu la riche idée de proposer en ligne de consulter le prix du carburant à chaque pompe. Enfin presque, car des internautes ont eu l'idée de créer une application pour téléphone mobile utilisant ces données. L'administration a porté plainte contre ces programmes gratuits ! (mais rémunéré par la publicité)

L'administration empêchait donc de remettre en forme ses données... Disons-nous que la collecte de ces données est financée par nos impôts, mais que malgré tout l'administration veut que nous les payons à nouveau...

Contre vents et marées

Bien que Météo-France ne lâche pas ses données, elle les échangent avec le Canada. Or le Canada a une réelle politique d'Open Data et rend public les données de Météo-France.

Ainsi des consultants météorologues indépendants sont apparus en France. Il permettent de compléter les bulletins de Météo-France en apportant une plus-valu locale.

We make Data Porn

Le Data Porn consiste à rendre "sexy" et compréhensible les données.

La vidéo suivante montre que la valeur n'est pas que dans la donnée brute mais surtout dans la manière dont on vous la présente et dans son interprétation.

Autrement dit, en donnant gratuitement leurs données brutes les sociétés ne perdent pas une source de revenu importante. Météo-france peut parfaitement donner gratuitement tous ses relevés, car la valeur ajoutée de Météo-France est dans l'interprétation de ces données.

Un site dessine de manière originale les vents aux USA chaque jour. L'utilité n'a pas été réellement trouvée, mais c'est aussi comme ça qu'on fait des découvertes. Actuellement beaucoup trop de données sont fermées.

Ouvrez vos données, et attendez-vous à être surpris.

La Concurrence

Une concurrence "pure et parfaite" a, par définition, 5 propriétés. L'une d'elles est une information gratuite et immédiate. Grace à Internet et à l'Open Data, cette condition purement théorique peut devenir une réalité.

lundi 25 juin 2012

Le scandale du Tweet : les éditocrates se focalisent sur un pet de souris !

Le scandale du Tweet de Valérie Trierweiler n'est pas là où nous pourions le croire.

Franchement Valérie doit-elle s'excuser de ne pas être un potiche comme Carla Bruni ? Mince une femme avec un cerveau ! Ca change de la bobonne des éditocrates de tout poil qui apparemment s'occupe de bien garder le fourneau pour ne pas qu'il s'envole.

Bienvenue en 2012 ! Et oui, les femmes ont le droit de vote et comble du comble, un homme peut se mettre en couple avec une femme qui ne vote pas pour le même camp ! Incroyable, inimaginable, suréaliste, pour nos plateau télé (pas celui qu'on mange, celui qu'on nous montre).

Et nous avons droit au pire clichés qui soient : "Flamby ne tient pas sa femme"

Tout est parfaitement bien expliqué par Luc Chatel (sur Rue89 et le site de l'Acrimed). Il s'agit de Luc Chatel le journaliste, pas l'ex-ministre (oui, moi aussi je me suis fait avoir !).

Voilà, je n'en ferai pas plus sur ce sujet qui aurait dû ne pas survivre à deux jours. Car en faisant ce tweet billet de blog, je sais que je participe à ce déplacement d'air sans intérêt.

PS: deux semaines sont passées et voici de nouveau un lamentable article sur le sujet. Le comble étant de mettre au même niveau Nadine Morano, Eric Besson, Pierre Salviac et Valérie Triewieller. Comme quoi on peut être une femme (je parle de l'auteure de ce dernier article) et être aussi bête qu'un homme !

dimanche 24 juin 2012

Fuck Cameron !

Laurent Joffrin est arrivé à la même conclusion que moi : Fuck Cameron !

le gros problème de l'Europe, c'est l'Angleterre, la City et les paradis fiscaux du Common Wealth.

Donc Effectivement "Fuck Cameron" ! Le manque de transparence et l'absence d'imposition à Londres ne font qu'empirer la crise. Toute tentative de réglementation ou d'imposition de la finances sera vouée à l'échec tant qu'on n'aura pas réglé son compte à la City.

70% des hedge funds européens sont à Londres.

La guerre des Malouines n'est qu'un symbole qui sert à montrer que le Royaume Uni se battra pour défendre les états confettis du Common Wealth dont la plupart sont des paradis fiscaux.

Au G20 du Mexique, l'Argentine a encore essayé de discuter des Malouines. Malgré les décisions de l'ONU, Cameron refuse de lâcher ce confetti de terre. Le pire c'est que seul le petit journal a parlé de cette tension diplomatique entre les deux pays (les journalistes rédacteurs en chef français m'exaspèrent).

C'est une situation fort pratique pour ces micro-états : ils ont protégés par l'armée britannique, et n'ont donc aucune dépense militaire, ou tout au moins largement en dessous de ce qu'il faudrait au vu de la quantité d'argent qui transite par ces pays !

Et en plus, ils organisent l'évasion fiscale du pays qui les protège. Un tel aveuglement de la part des sujets britanniques est absolument fabuleux !

Rappelons que l'économie est basée sur la confiance : cette confiance est en grande partie amenée par la sécurité géopolitique, et donc une armée apte à défendre le pays.

"La Folie : faire la même chose encore et encore et espérer des résultats différents" Albert Einstein

Donc Fuck Cameron !

mardi 12 juin 2012

La SACEM et les fermiers généraux

Sous l'ancien régime, les fermes étaient des ensembles de personnes, appelés fermiers, qui avançaient de l'argent au roi, et se remboursaient en collectant divers impôts.

Du XVème au XVIIIème siécle le nombre de fermes et de fermiers a changé trois ou quatre fois. Ce système privé de collecte des taxes et des impôts, était fort décrié à cause de l'enrichissement personnel et démesuré des fermiers.

En 1780, Jacques Necker réforme les impôts indirects pour les répartir entre trois compagnies fermières :

  • la ferme générale pour droits de douane (dont la gabelle)
  • la ligue générale pour les droits sur les boissons
  • l'administration générale des domaines et des droits domaniaux pour les droits d'enregistrement

Le nombre de fermiers généraux est alors de 40. La ferme générale fait figure de symbole de la société inégalitaire. Les fermiers généraux, avec leurs fortunes colossales, apparaissent comme la marque même de la perversion du système politique et social. On leur impute les injustices et les tracasseries qui découlent de la complexité du système fiscal, la brutalité des gardes des brigades et la répression brutale de la fraude et de la contrebande.

La gabelle, impôt sur le sel, est de tous les droits le plus impopulaire. Il faut dire qu'à l'époque, la salaison était la seule méthode connue de conservation des aliments et servait à l'alimentation du bétail. Le sel a même remplacé la monnaie pendant certaines périodes : c'est du mot sel que vient le mot salaire. « Salarium » en latin signifie « ration de sel ».

Au fil des siècles, la vente de sel est devenue un monopole royal. Seuls les fermes générales peuvent le vendre, avec une taxe conséquente.

Un contrebandier encourait la condamnation aux galères s'il travaillait sans armes, la peine de mort s'il avait des armes. Sous Louis XVI, en Bretagne, la livre de sel coûtait au plus un liard et demi (3/8 sous) quand dans le Maine « pays de gabelle », elle se payait 12 à 13 sous : la contrebande étaient plus qu'encourageait par un tel niveau de taxation.

En 1784, sur demande de la Ferme générale, le ministre Calonne décide de faire entourer la ville de Paris d'une muraille destinée non pas à la défense, mais à la perception de l'octroi, impôt prélevé sur les marchandises entrant dans la ville.

Beaumarchais, voyait dans ce mûr une des causes de la Révolution. Il écrivit :

« Le mur murant Paris, rend Paris murmurant ».

Il écrivit aussi :

« Pour augmenter son numéraire
Et raccourcir notre horizon,
La Ferme a jugé nécessaire
De mettre Paris en prison. »

Bachaumont dénonça un « monument d'esclavage et de despotisme ».

Mais l'histoire finit bien, puisque 28 anciens fermiers généraux furent raccourcis d'une tête le 8 mai 1794. Le mûr des fermiers généraux fut totalement détruit par le très honorable préfet Haussmann en 1860.

Le mûr des fermiers généraux est tracé en violet.

Résumons

Les fermiers généraux étaient donc une délégation au privé de la part de l'état d'un droit "régalien" : le prélèvement d'un impôt. Usant de leur position dominante, les fermiers généraux ont usé et abusé de leur influence pour s'octroyer des prélèvements toujours plus élevés. Ils ont même réussi à convaincre les ministres et le roi à créer un mûr infranchissable autour de Paris.

En lisant le titre, vous voyez où je veux en venir.

La SACEM est un organisme qui collecte une sorte d'impôt ; elle a même le droit de demander au service des impôts le chiffre d'affaire déclaré par les bars et les boîtes de nuits : une grosse exception du droit français. En situation de monopole de fait, la collecte de cet impôt est garanti par les tribunaux et la police française.

D'ailleurs, la cour des comptes s'étonne de l'enrichissement personnel (donc du salaire) des dirigeants de la SACEM, dont l'activité en situation de monopole ne présente pas de risques pouvant justifier une rémunération élevée.

Les employés de la ferme générale n'étaient pas des fonctionnaires du roi, mais avaient des privilèges spéciaux. De même, les employés de la SACEM chargés des contrôles ne sont pas des fonctionnaires, mais sont assermentés.

Mais la SACEM (et ses filiales) ne s'arrête pas à la collecte directe, elle prélève aussi la taxe sur la copie privée sur le CD et DVD vierges. Cette taxe est tellement déconnectée de la réalité, qu'elle représentent 73% du prix d'un DVD. L'import de DVD par voie postale est massif. La ressemblance avec la gabelle et l'octroi, est frappante.

Et le mûr des fermiers généraux est tout trouvé : HADOPI. Ce monument moche et mal construit qui ne sert qu'à enfermer et surveiller les français afin de continuer à prélever l'impôt des fermiers généraux.

Que les pro-HADOPI fassent attention ! Ce n'est pas moi qui les menace, mais l'histoire. A trop vouloir prélever d'impôts pour leur enrichissement personnel, ils risquent d'y perdre la tête. C'est en élevant un mûr de trop que les fermiers généraux ont initié la Révolution Française.

« Pour augmenter son numéraire
Et raccourcir notre horizon,
La SACEM a jugé nécessaire
De mettre La France en prison. »

lundi 11 juin 2012

La créativité

Voici une conférence fort intéressante de John Cleese sur la créativité.

John Cleese est un membre de l'ancienne émission de télévision Mounty Python's Flying Circus (souvent abrégé Mounty Python).

Mounty Python's Flying Circus était l'émission anglaise d'humour la plus barrée qu'on puisse faire. Le titre lui-même est barré, puisqu'il n'y a aucun cirque ni python dans l'émission.

Autant dire qu'en matière de créativité, il s'y connait.

Que ceux qui veulent trouver la recette miracle, passent leur chemin. D'entrée il dit : "ça ne me gène pas de parler de la créativité, car ce n'est pas dur de dire comment être créatif. Le plus dur c'est d'être créatif".

Pour ceux qui ne comprennent pas l'anglais, voici en gros le résumé.

John Cleese, avec l'aide d'un ami psychologue, a compris qu'il y avait deux phases dans la création :

  • une phase où il faut être créatif
  • une phase où il faut réalisé, et surtout ne pas se faire distraire par sa créativité
Il est souvent plus efficace de repousser la phase créative le plus loin possible, car une meilleure idée peut surgir à la dernière minute.

Par contre, quand on passe à la réalisation de l'idée, il ne faut surtout pas se laisser distraire par son esprit qui aura tendance à penser à tout sauf à ce qu'on voudrait faire : quel temps va-t-il faire ce week-end ? Quelle est la dernière vidéo de chat sur Youtube ? Etc..

Petite remaque en passant : les Mounty Python sont parmi les premiers artistes à avoir signé un accord avec Youtube pour mettre à disposition toutes leurs vidéos, gratuitement sur Internet (enfin pas gratuit pour eux, puisque Youtube doit les rémunérer, mais gratuit pour nous) :

Bonus : le ministère des marches bizarres

jeudi 7 juin 2012

Watch Dogs

"Watch Dogs" signifie "les chiens de garde". En informatique, c'est aussi un circuit électronique qui détecte le plantage d'un système et qui le reboote le cas échéant. Le système doit donner un coup de point (punch) régulièrement sur le chien de garde. S'il ne le punche pas pendant un certain temps, le watch dog déclenche le reboote car le système est considéré comme planté.

Mais, le scénario du jeu-vidéo n'a sans doute rien à voir. En tout cas, le scénario semble à la fois futuriste et très actuel. Une connotation extrêmement politique, qui doit nous interpeller sur l'avenir. Mais est-ce vraiment l'avenir ?

Le gameplay parait aussi très intéressant, même si j'ai du mal à voir comment va s'en sortir le jouer devant autant de possibilités. Mais le fait de se dire qu'on sait instantanément tout de tous les gens qui vous entourent (jusqu'au dernier film porno hard core qu'ils ont vu, selon la bande-annonce), tout en pouvant mettre hors service leurs téléphone portables, c'est à la fois jouissif et flippant...

mardi 5 juin 2012

Vol de mobile : surveillons tout le monde pour en empêcher 2 ou 3 vols

Le ridicule ne tue pas chez generation-nt qui n'a même pas relevé l'énormité de la clownerie de cet article sur le vol de mobile.

Les journalistes se sont rendu compte qu'on pouvait changer le numéro IMEI d'un téléphone portable : ce qui n'étonne absolument n'importe quel informaticien. Les OS de mobile sont devenus tellement complexes, que tout va devenir forcément paramétrable.

C'est dire à quel point le gouvernement Sarkozy n'y comprenait rien au numérique et que la loi LOPPSI 2 est plus dangereuse qu'utile. Mais continuons.

"L'AFP indique que le ministère de l'Intérieur travaille depuis plusieurs semaines avec la Fédération française des Télécoms ( qui regroupe [edit]Orange, SFR, Bouygues[/edit] ) pour tenter de trouver une solution."

[...] "Il est aussi question de graver le numéro IMEI directement sur le téléphone ou de systématiser son géopositionnement." : hein ?!?!

Passons la gravure du numéro IMEI, qui peut être gratté, refondu, ou ignoré par le client car il se saura pas affiché celui stocké dans le téléphone. ()

Non, je ne suis pas outré par le néologisme "géopositionnement" au lieu de "géolocalisation". Mais plutôt par le fait qu'il vont pouvoir géolocaliser 60 millions de français sous prétexte d'empêcher quelques vols.

Mais comment peuvent-il croire que ceux qui vont changer le numéro IMEI ne vont pas désactiver la géolocalisation ?

Pour empêcher des vols de portable dont la valeur est ridicule (20 à 150 euros pour la majorité), ils veulent pouvoir localiser à tout moment chacun d'entre nous ?

A propos des vols, chez les juristes, ils ont une expression consacrée : "En fait de meuble la possession vaut titre" (ce n'est pas maître Eolas qui va me contredire). Pour les juriste, tout objet qui n'est pas immobilier est mobilier (donc un meuble) : les juristes sont certes des gens bizarres.

L'exemple qui est présenté aux étudiants du premier cycle de droit, est le suivant : une femme qui prête une bague avec diamant à une amie pour aller se baigner. Au retour l'amie refuse de rendre la bague, disant que maintenant la bague est à elle. Au tribunal, le juge lui donnera raison. Mais l'histoire ne dit pas si la valeur de la bague valait le coup de perdre une amie.

Oui, il faut s'y faire : même si la police retrouve vos meubles volés, elle ne peut pas les récupérer pour vous les remettre s'ils ont été revendus à quelqu'un qui ignorait qu'ils étaient volés. A vous de vous faire rembourser par votre assurance !

Pourquoi y aurait-il une différence entre tout meuble et les téléphones mobiles pas cher quand il n'y en a pas pour les bagues très chères ?

SFR ne sait plus faire

Actuellement SFR met une très grosse mauvaise volonté pour débrider les téléphones portables, allant jusqu'à mentir : ils affirment qu'il faut envoyer le téléphone chez le fabricant alors qu'il suffit de taper une combinaison avec des *, des # et des chiffres dont un mot de passe qu'ils connaissent forcément puisqu'ils ont acheté les téléphones.

Reamarque par rapport au lien : techniquement parlant, les opérateurs français n'utilisent plus de Simlock (verrouillage du téléphone sur une carte SIM précise) mais un network lock (verrouillage du téléphone sur leur réseau)

Le programme Z3X est donc d'utilité publique pour débloquer les téléphones SFR.

Votre téléphone est-il volé ?

Note pour avoir votre numéro IMEI, mettez-vous en mode numérotation téléphonique, (Si ! Si ! un téléphone mobile sert aussi à téléphoner), puis tapez *#06#.

Ensuite éteignez-le et retirez la batterie pour voir le numéro IMEI sur l'étiquette avec code barre. Si c'est le même, vous êtes une personne honnête. Ou tout au moins, le revendeur a poussé le vice jusqu'à imprimer une fausse étiquette.

S'il est différent, ben, vous êtes aussi une personne honnête, car vous ne le saviez pas quand on vous l'a vendu. Toutefois si on vous l'a vendu largement en dessous du prix du marché, vous pouvez avoir un soupçon légitime qu'il ait une origine frauduleuse... après c'est au juge de trancher... si vous passez devant un juge ; le larcin est tellement dérisoire que si vous n'avez pas activement participé au délit, vous avez peu de chance d'être inquiété.

Votre téléphone Samsung est-il bloqué ?

Pour les téléphones Samsung relativement récents (2010) sans Android, tapez le code suivant pour savoir s'il est bloqué : *#7465625#

Normalement, votre bricoleur de téléphone de quartier avec les outils Z3X (plus précisément, le programme Samsung 2G tool), pourra vous extraire votre code de déblocage réseau (network lock code).

Vous n'avez plus qu'à taper le code suivant pour débloquer votre mobile et changer d'opérateur : #7465625*638*code_à_8_chiffres#

Le programme Z3X est évidemment protégé contre les pirates au moyen d'un "dongle" : ironique n'est-ce pas :-) Et comme les pirates ne se piratent pas entre eux, vous ne trouverez pas de version piratée de ces programmes.

vendredi 1 juin 2012

Jacques Généreux, la Grèce et l'euro

Précédement, j'expliquais pourquoi il me paraissait absurde de parler de la sortie de l'euro de la Grèce : non pas parce que ce serait une catastrophe pour l'économie européenne, mais parce que le peuple grec refusera d'utiliser une monnaie qui va forcément se dévaluer plus vite que l'euro, combien même son gouvernement tenterait de le lui imposer.

Voici une analyse tout à fait sérieuse d'une économiste reconnu : Jacques Généreux. C'est clair qu'après 9 plans de sauvetages "de la dernière chance" d'où Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sortaient en claironnant "Nous avons sauver la Grèce, l'Europe et le Monde !" Le problèmes avec ces plans, est que je ne vois pas où ils vont. Ils dirigent le pays vers une déflation qui amènera l'état à collecter encore moins d'impôts.

Ne vous faites pas avoir par son étiquette "Front de Gauche" : il a vraiment une analyse raisonnable de la situation. D'ailleurs, si vous retirez la mesure qui me paraît démagogique et irréaliste du SMIC à 1700 € de Mélenchon, le reste de son programme économique pour les élections présidentielles 2012 a entièrement été écrit par Jacques Généreux, et je dois avouer qu'il était crédible.


Jacques Généreux parle de la Grèce sur France Inter

La Grèce et les grecs ne veulent pas sortir de l'euro, ils veulent qu'on leur réduise leur dette.

Il n'y a que trois méthodes pour réduire la dette (qu'il faut combiner) :

  • "restructurer" la dette (que les créanciers renoncent à une partie de cette dette)
  • "monétiser" la dette (que la BCE rachète une partie de la dette avec la planche à billet)
  • relancer la croissance en Europe (chaque pays doit relancer la croissance dans son pays, ce qui atteindra forcement la Grèce)

La banque centrale européenne a pour mission d'augmenter la masse monétaire. Actuellement, la BCE a réduit les réserves obligatoires à 1% (au lieu de 2%) et les rémunères à 1% depuis le 1er janvier 2012 (au lieu de 2% pour que l'inflation soit à 2%). Il y a donc un gros manque en création monétaire. Elle voudrait se mettre à racheter de la dette grecque, elle ne s'y prendrait pas autrement.

Ne confondons pas rigueur et austérité : être rigoureux consiste à avoir un euro collecté par l'impôt en face de chaque euro dépensé par l'état. Être austère consiste à réduire les dépenses. Nicolas Sarkozy nous a prouvé qu'on pouvait être austère en creusant la dette publique comme jamais un président ne l'a fait !

En complément, voici une liste de pays qui utilise une monnaie étrangère pour leur pays. Ceci explique pourquoi le peuple grec refusera de changer de monnaie. Ils voteront avec leur porte-monnaie. Il faut vraiment être de droite pour croire qu'on peut aller contre la volonté d'un peuple au moyen d'une loi.

jeudi 31 mai 2012

Pierre Lescure ou quand canal aurait eu de l'esprit

Pierre Lescure, après 18 ans à la direction de canal+ a su s'attirer la sympathie de ses employés. Il a fait beaucoup parler de lui au moment où il s'est fait virer, comme vous pouvez le voire ci-dessous :

On aurait presque envie de le défendre. Mais bon, j'aurai toujours du mal à défendre quelqu'un qui touche en un an, ce qu'un smicard ne touchera jamais durant toute sa vie. Notez aussi qu'il est un ami de Denis Olivennes, le grand responsable du rapport du même nom, rempli de mensonges des lobbys des média qui a donné la loi HADOPI. Pierre Lescure a organisé (pour ne pas dire magouillé) le départ de Denis Olivéennes de Canal+ en ajoutant une prime de départ (ou parachute doré) juste avant de le virer. Mais avec ses 2,9 millions d'euros de prime de départ, Pierre Lescure a touché en quelques secondes 5 à 6 vies de salaire de smicards.

Il doit dire merci aux employés de Canal+, qui lui ont permis de négocier à la hausse cette prime de départ. Car s'il a été viré, c'est probablement parce que Jean-Marie Messier lui avait demandé de réduire ses dépenses face à la crise de 2001. Après 18 ans de carrière, peut-être que ce départ arrangeait même Pierre Lescure.

Canal+ a vécu sur un monopole garanti par l'état : à la création de Canal+, il n'y avait que 3 chaînes de télévision Hertzienne, pas de satellite, ni de câble ! Pendant longtemps il n'y a eu que 6 chaînes en France, dont une seule était payante, mais surtout Canal+ était la chaîne payante la plus chère au Monde, et de loin. J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi en France, on ne prélève pas plus d'impôts sur ces sociétés qui se font des c*$#ll€s en or, sur un monopole garanti par l'état...

Jusqu'en 2001, le groupe Canal+ surfe sur la bulle Internet : ils sont fournisseur de contenu. Mais surtout depuis 1987, la compagnie des eaux (future Vivendi) fonde SFR pour la téléphonie mobile. Ils fonderont aussi Cegetel, pour la téléphonie fixe. Vivendi achète 55% d'AOL-Europe via Cegetel et Canal+ en 1998. AOL était le premier fournisseur d'accès à Internet en Amérique du Nord.

La boulimie des fusion-acquisition s'emballe. Le groupe Canal+-Vivendi-Universal touche à tous les domaines de l'industrie du droit d'auteur : musique, cinéma, chaîne hertzienne, satellite et câble, producteur d'émissions, fournisseur d'accès à Internet, etc...

Ça, c'est la version courte ; voici une version longue simplifiée :

Mais le 11 septembre 2001, patatras ! Le belle édifice du groupe s'effondre face à l'éclatement de la bulle Internet. Le groupe accumule les pertes de valeur de ces investissements. Une vision purement financière, car la chaîne en elle-même réalise toujours le même chiffre d'affaire.

La vidéo suivante présente la "Media Web Box". Tout un symbole ! OK, ce produit n'est jamais sorti. Mais il est visiblement là pour concurrencer le TiVo aux Etats-Unis : ce boitier capable d'enregistrer la télé avec un disque dur. Mieux qu'un magnétoscope, puisqu'il permet en plus d'enregistrer des programmes quand vous n'êtes pas là, de les enregistrer quand vous allez au toilettes puis de le regarder pendant qu'il continue d'enregistrer la suite : c'est le décalage temporel : une révolution !

Sauf que là c'était une réaction (ah, ces réactionnaires) pour le marché américain. Il était hors de question de le sortir en France. Heureusement que Iliad Free est arrivé !

L'émission suivante représente bien tout ce qu'on reproche à Pierre Lescure : d'être l'homme du passé. Je voulais inclure cette vidéo en sautant directement à l'extrait où Pierre Lescure est interviewé, mais finalement, le début est tellement énorme, que ça vaut le coup de tout garder.

Vous ne rêvez pas : non seulement ils nous présentent l'ancêtre du MP3 et du CD : les disques en vinyle. Mais en plus, ils nous font passer leurs défauts pour des qualités ! Une sorte de sadomasochisme qu'ils voudraient infligé aux nouvelles générations. Du grand conservatisme dans toute sa splendeur, qui utilise de magnifiques mots comme "mythologie", "grand classique"...

J'appelle cette tournure d'esprit, l'effet bizutage : nous avons soufferts étant jeunes, il faut que ceux qui nous suivent, souffrent comme nous pour qu'ils apprécient ce qu'on leur laisse... Et ils s'étonnent que les jeunes leur disent "non". Ben non, avec Internet, nous avons tous accès à tout ce qui a été et est actuellement produit, quasiment instantanément et gratuitement.

Si on ne s'appelait pas Pierre Lescure avec un salaire mirobolant, on n'achetait pas plus d'un disque par an.

  • pas duplicable à l'infini ? Mince, il n'a jamais entendu parler des cartes son sur tous les PC du monde !
  • une qualité qu'on ne retrouve pas dans les autres support ? Dire que juste après ils nous explique que le frottement du diamant sur le vinyle produit un son même quand il n'y a rien ! Mais un fichier MP3 n'est d'ailleurs pas un "support" : le support c'est le disque dur ou la mémoire flash. S'il est vrai que le MP3 est de qualité variable, les studios d'enregistrement et tous les professionnelles de la musique enregistrent, mixent et materisent uniquement sous format numérique. Pourquoi ? Par gain de temps et parce que le numérique ne perd pas en qualité à chaque étape !
  • De vraies belles pochettes ? Ben justement, la place que ça prend peut sembler excessive.
  • Nombre de morceaux ? Durée ? C'était simplement des limites physiques imposées par les supports. Le génie consiste effectivement à faire quelque chose de beau malgré les contraintes physiques externes à l'art. C'est comme si à un moment donné, on ne savait que construire des toiles blanches en 10 cm sur 10 cm et que le jour où chaque artiste peut choisir la taille qu'il veut, on dise que c'était beaucoup mieux en 10 sur 10...
  • Type de consommation ? Oui, elle a changé. A l'époque du Top 50, les disques étaient majoritairement offerts. De fait, ce n'était pas la qualité qui primait, mais le cadeau potache ("Du rhum des femmes"), les cadeaux aux enfants ("Les bêtises"). Vu qu'on ne s'achetait pas tous les jours un disque (plutôt un ou deux par an), on en profitait longtemps...
  • On ne pouvait pas sauter certains titres, qui n'étaient pas des hits mais faisaient la transition. Ils oublient qu'il y avait aussi des albums qui n'avait qu'une chanson bien.

Le comble de la mauvaise foi est atteint quand on nous explique qu'un CD rayé ressemble au "remix d'un versaillais"... Mais un vinyle rayé dans le meilleur des cas produira un gros scratch toutes les une à deux secondes. Dans le pire des cas, le disque sautera d'une à plusieurs seconde en avant ou en arrière. Une rayure sur un disque vinyle, lui est fatale, tandis qu'un CD il lui en faut plus d'une pour être moins lisible.

Quant à Pierre Lescure et les conseils du disquaire, peut-être pense-t-il qu'Internet ne sert pas à communiquer, notamment ses goûts musicaux, à échanger des idées et à découvrir directement de nouveaux groupes...

Pour finir, nous ne passerons pas à côté du grand chef d'oeuvre de Pierre Lescure : le TOP 50. Et voici quelques propositions pour la musique de Marc Toescer, qui n'ont que dix ans de retard...

jeudi 24 mai 2012

HADOPI+, une loi Universal !

Vous avez cauchemardez ? C'est reparti pour le grand n'importe quoi ! François Hollande qui n'y comprend rien à Internet a décidé de laisser la révision de la HADOPI non pas à un spécialiste d'Internet, mais à un grand esclavagiste des artistes : Pierre Lescure.

Le changement ? Finalement se sera plus tard !

Comme un sentiment de déjà vu, nous prenons un grand industriel des droits d'auteur pour le coller chef d'une commission Théodule ; Patrick Zelnik (producteur, éditeur de musique), Denis Olivennes (ex-directeur de la FNAC, premier vendeur de disques et livres de France, vend aussi des DVD et des logiciels) ou Pierre Lescure (Ancien directeur d'Universal, Canal+, CanalSat, qui diffuse en exclusivité à la télévision, séries, films et match de foot).

Ainsi, il va pouvoir faire semblant d'écouter tout le monde et rédiger des recommandations à sa sauce. Olivennes n'avait carrément pas reçu les associations de consommateurs, préférant un accord direct entre les fournisseurs d'accès à internet et les éditeurs (dans des conditions douteuses). Zelnik a écouté mais pas entendu l'UFC-Que-Choisir, première association de consommateurs en France.

Le gouvernement peut ensuite piocher comme il veut dans ces propositions. Zelnik avait accouché d'une seule proposition valable : la mise en place d'une gestion collective pour le streaming, qui aurait permis au sites web français d'avoir des dépenses fixes sans avoir à négocier avec la multitude de petits éditeurs de musiques, de films et de séries. C'est la seule proposition qui n'a pas été retenue. Toutes les autres ont été appliquées.

Les portes tournantes, tournent et tournent encore !

"Revolving doors" (ou portes tournantes) est une terme anglais pour désigner le phénomène de conflit d'intérêt où des dirigeants du secteur privé font des incursions dans des commissions du secteur public avant de retourner dans le secteur privé.

A l'image de Christine Albanel, ancienne ministre de la culture qui a porté HADOPI 1, elle est devenue directrice exécutive chargée de la stratégie contenus chez France Télécom (et donc Orange, premier fournisseur d'accès à Internet en France).

Pour Zelnik, c'était moins subtil, il est l'éditeur musicale de Carla Bruni (femme de Nicolas Sarkozy si vous vivez sur une autre planète), et farouche soutien à la loi HADOPI.

Pierre Lescure, que dire ? Son avantage est de ne jamais avoir parlé de la loi HADOPI. Mais c'est l'ancien directeur d'Universal, Vivendi, Canal+. Il a 67 ans : va-t-il vraiment comprendre ce qu'est Internet ?

Il est au comité d'administration de Kudelski dont la filiale bien connue des bricoleurs de décodeurs pirates de canal+ s'appelle Nagravision. Comme conflit d'intérêt, on ne peut pas faire plus gros. Mais il est aussi aux comités d'administration ou de surveillance de Lagardère, Thomson SA, Havas et Le Monde : toutes cette industrie du contenu qui a intérêt à ralentir le développement des nouvelles entreprises.

Un âge canonique et une méconnaissance chronique d'Internet

La fracture numérique n'est pas territoriale comme l'annonçait pompeusement Jacques Attali, elle est avant tout générationnelle.

L'ancienne génération n'arrive pas à concevoir qu'on puisse trouver autant de contenu gratuit sur Internet. A l'image de Morandimi sur Direct 8 qui a dit à propos du Golden Show : "ça m'étonne les gens qui passent des heures à bosser là-dessus, juste pour le mettre sur Internet gratuitement". La réponse du Golden show : "C'est vrai, on est con. En plus, ça fait dix ans qu'on le fait."

Les progressistes d'hier sont les conservateurs de demain

...ainsi va le Monde.

Au lieu de choisir quelqu'un de neutre ou qui s'y connaisse en nouveaux média, François Hollande a choisi un représentant des anciens média qui en plus est très âgé, pour policer les nouveaux média : c'est ridicule. Autant nommer Hitler comme juge au tribunal de La Haye.

Pierre Lescure a peut-être été jeune... dans sa jeunesse, mais les enfants du rocks ça date un peu : cette émission qui est né il y a trente ans, est inconnue des moins de trente ans justement. Pierre Lescure est ancré dans bon nombre d'entreprises françaises qui sont loin d'être les plus petites. C'est un représentant du mal français : de grosses entreprises qui par leur grosseurs ne peuvent pas être innovante.

"Pourquoi Facebook et Google n'auraient pas pu naître en France ?" Parce que nos politiques pensent d'abord aux grosses entreprises, et ne voient pas que les petites entrerpises d'aujourd'hui peuvent devenir les grosses entreprises de demain. Sauf que Google et Facebook, ne sont plus de petites entreprises : elles sont parmi les plus grosses au Monde. Le numérique n'est plus une nouvelle technologie ni une technologie d'avenir : c'est maintenant, nous sommes en plein dans l'âge numérique. Continuer à écouter les anciens média pour réguler le numérique est déconnecté de la réalité et ne peut que mettre la France en retard.

mardi 22 mai 2012

François Hollande se prend les pieds dans la fracture numérique

Alors que François Hollande estime que reformer HADOPI n'est pas une priorité, voici un petit sondage qui vient comme un pavé dans la marre.

"Pour vous, la loi HADOPI a-t-elle été un élément positif ou négatif du bilan de Nicolas Sarkozy ?"

(sondage réalisé auprès de 1 105 personnes de la population française choisies de façon représentative de 15 à 69 ans)

Total Hommes Femmes 15-19 ans 20-29 ans 30-39 ans 40-49 ans 50-59 ans 60-69 ans
Très positif 3% 4% 2% 4% 2% 3% 2% 2% 4%
Plutôt positif 15% 16% 14% 11% 14% 12% 14% 19% 18%
Plutôt négatif 28% 31% 25% 35% 29% 25% 31% 25% 30%
Très négatif 18% 23% 15% 22% 21% 20% 17% 17% 11%
Sans opinion 36% 26% 44% 28% 34% 40% 36% 37% 37%

Ce sondage est à mettre en perspective avec le profil des électeurs de François Hollande : les plus de soixante ans ont majoritairement voté pour le petit Nicolas (FH: 41% - NS: 59%), tandis que les moins de 60 ans ont majoritairement voté François (à la louche, FH= 56% - NS 44%).

HADOPIpositif et
très positif
négatif et
très négatif
a voté
F. Hollande
a voté
N. Sarkozy
15-19 ans15%57%   
57%43%18-24 ans
20-29 ans16%50%
62%38%25-34 ans
30-39 ans15%45%
53%47%35-44 ans
40-49 ans16%48%
53%47%45-59 ans
50-59 ans21%42%
60-69 ans22%41%41%59%60 ans et plus
Ensemble18%46%51,62%48,38Ensemble

Ce qu'il faut bien remarquer :

  • de 15 à 49 ans, ceux qui sont positifs restent en dessous de 16%
  • entre 30 et 39 ans, le nombre de négatifs diminue, mais c'est en faveur des abstentionnistes, car le nombre de positifs descend aussi à 15% !

C'est dingue : 44% des femmes n'en ont rien à faire de HADOPI (et donc d'Internet), et pourtant ce sont deux femmes qui vont s'occuper des questions numériques : Fleur Pellerin et Aurélie Filippetti. Elles ont aussi dans la tranche d'âge où l'abstention est la plus forte dans le sondage. Ça ne préjuge en rien de leur compétence, mais il faut bien reconnaître que les ténors mâles du parti socialiste se sont attribués les grands ministères, et ont laissé les domaines où ils n'entendaient rien à des plus jeunes et féminines qu'eux...

Réponse à François Hollande

Si le maintien de la HADOPI n'apportera que 18% des voix, je doute très très fort que les 42% qui sont contre HADOPI aient massivement voté Sarkozy, (bien au contraire ils ont forcément voté contre Sarkozy). HADOPI est réellement un enjeu électoral et devrait être dissout le plus rapidement possible, avant toute discussion avec l'industrie des droits d'auteurs. (Mais je doute qu'il soit nécessaire de discuter avec eux pour "sauver" quoique ce soit, mais c'est un autre débat.) Maintenant, il ne s'agit plus de voter pour un président, mais pour des députés qui ne sont pas Nicolas Sarkozy : il suffit que quelques candidats de droite affirment être pour la disolution de la HADOPI pour que la gauche perde bêtement l'assemblée nationale.

mercredi 16 mai 2012

La sortie de l'euro de la Grèce : le faux débat

Les journalistes sont parfois affligeants. Ils ne cessent de relancer le faux débat d'une sortie de l'euro de tel ou tel pays, voire même de la France !

Pire : ils se lancent dans des évaluations farfelues (à l'image de celle-là). Elles sont incorrectes, car les journalistes comptent ce que ça coûte sans prendre en compte le fait que la dépense se fera dans le pays lui-même. Au niveau national, ça "rapporte" autant que ça "coûte"...

Mais pour bien mesurer tout le ridicule de la question, il faut rappeler les concepts fondamentaux autour de la monnaie.

La monnaie fiduciaire : la confiance avant tout

La base de l'économie est la confiance : vous ne faites affaire qu'avec les gens envers qui vous avez confiance (ou tout au moins vous pouvez faire confiance sur certains points).

La monnaie est devenue fiduciaire, c'est à dire que ceux qui l'utilisent sont certains que tout le monde va l'accepter contre des biens et des services. Sans le savoir, nous faisons aussi confiance en celui qui émet cette monnaie (la BCE). Nous lui faisons confiance pour qu'il ne fasse pas n'importe quoi avec la monnaie ; la BCE en émet ou en retire de la circulation de manière à contrôler l'inflation. (J'ai plusieurs autres articles sur le fonctionnement des banques centrales : )

Pour bien illustrer ce qu'est "n'importe quoi" et l'utilité de la confiance, voici deux exemples récents.

Le Dinar Yougoslave

Après la dissolution de la Yougoslavie en 2003, un pays nommé Serbie-et-Monténégro a existé. Depuis 2006, les deux pays se sont séparés.

Le Monténégro et le Kosovo ont adopté unilatéralement l'euro comme monnaie depuis très longtemps. En réalité, c'était même bien avant que la monnaie officielle du pays ne soit plus utilisée. Avant l'euro, ces pays utilisaient officiellement le Deutsch-Mark depuis 1999. En 2001, le dinar n'était plus reconnu. Le Deutsch-Mark a été converti en euro du 1er janvier au 31 mars 2002.

L'adoption d'une monnaie étrangère, fait suite aux guerres d'indépendance en Yougoslavie. Pour ses dépenses, le gouvernement fait tourner la planche à billet.

Au début des années 1990, le gouvernement yougoslave créa un nouveau dinar valant un million d'anciens dinars. (note : DEM = deutsch mark)

  • 12 novembre 1993 : 1 DEM = 1 million de nouveaux dinars
  • 24 novembre 1993 : 1 DEM = 6,5 millions de nouveaux dinars
  • 30 novembre 1993 : 1 DEM = 37 millions de nouveaux dinars
  • 11 décembre 1993 : 1 DEM = 800 millions de nouveaux dinars
  • 15 décembre 1993 : 1 DEM = 3,7 milliards de nouveaux dinars
  • 29 décembre 1993 : 1 DEM = 950 milliards de nouveaux dinars
Un nouveau nouveau dinar valant un milliard de nouveaux dinars fut mis en place, sans aucun impact sur l'inflation. En effet, l'hyperinflation continua :
  • 11 janvier 1994 : 1 DEM = 80 000 nouveaux nouveaux dinars
  • 13 janvier 1994 : 1 DEM = 700 000 nouveaux nouveaux dinars
  • 19 janvier 1994 : 1 DEM = 10 millions de nouveaux nouveaux dinars
Le 24 janvier 1994, le gouvernement créa le super dinar valant dix millions de nouveaux nouveaux dinars.

Le Dollar du Zimbabwe

Ci-dessous, voici les billets émis par la réserve-banque du Zimbabwe. Pour faire face à l'inflation des billets de 100 milliards de dollars zimbabwéens sont émis. En juillet 2008, 2,2 millions de dollars zimbabwéens avaient la même valeur que cent dollars zimbabwéens en juillet 2007.
Devant l'impossibilité de contrôler l'inflation de 2000 à 2007, le gouvernement du Zimbabwe est forcé d'adopter les monnaies étrangères.

Depuis 2007, la situation s'est stabilisé et la croissance est revenue. La monnaie officielle du pays est le dollar américain.

Retour en Grèce : l'impossible retour au drachme

Le retour au drachme est impossible. La principale raison étant que les importations et les exportations se feront de toute façon en euros. Combien même les habitants se feraient payer en drachme, ils s'empresseront de convertir en euro leur salaire.

Quand un pays change de monnaie, l'ancienne monnaie perd toute sa valeur le jour où plus personne ne l'accepte. Les habitants n'ont donc pas de choix : ils doivent échanger leurs pièces et leurs billets. Dans le cas du retour au drachme, l'euro aura toujours bel et bien cours dans le reste de l'Europe.

Les grecs auront donc le choix entre deux monnaies, le drachme et l'euro, dont l'une va à coup sûr se dévaluer plus vite que l'autre. Que feriez-vous dans une telle situation ?

Car, soyons réalistes, le drachme aura du mal à avoir des garanties supérieures à l'euro.

Le vrai débat et les erreurs du passé

Le seul est vrai débat : comment organiser le défaut de paiement de la Grèce ?

Car la grosse, l'énorme erreur qui a été faite par le passé, c'est que les investisseurs ont prêté à tous les états de la zone euro au même taux.

Il faut que chacun en tire des leçons, et que les investisseurs prennent leur perte, même si c'est au travers des assurances-vie, qui n'étaient pas aussi sûre qu'a voulu nous le faire croire le gouvernement (et la droite française).

Les peuples européens doivent apprendre à reconnaître et à sanctionner les élus qui gèrent mal une mairie, un département ou un état : une assemblée d'actionnaire vire sans remord un mauvais PDG. Pourquoi Nicolas Sarkozy n'a pas été évincé avec un plus grand écart de voix ? Pourquoi le président de la république ne rend aucun compte à la fin de son mandat ? Quand verra-t-on enfin en France, un ancien président en prison pour pot de vin et trafic d'influence ?

Les leçons :

  • le gouvernement (et la droite, et les banques) nous ont menti sur les garantis (notamment des assurances-vie)
  • les bons du trésor de chaque pays de la zone euro ne se valent pas
  • les notes des agences de notations ne représentent que l'avis personnel et idéologique de son employé qui note : même si cet avis est éclairé, il n'est pas infaillible
  • les peuples doivent sanctionner leur dirigeants.

La loi, c'est l'état

Si l'état grec décide de ne pas rembourser toute sa dette, c'est son droit. Car c'est l'état qui écrit et applique les lois. Les investisseurs sont habitués à gérer les risques. Les CDS (assurance sur le défaut de remboursement d'un crédit) sont là pour ça ! Si ce mécanisme a été inventé, c'est bien pour qu'il serve un jour, non ?

Nos politiques ont bien-sûr peur que le peuple se rende compte que les états n'ont aucune obligation de rembourser leur crédit. En particulier, pourquoi un gouvernement de gauche qui succède à un gouvernement de droite dont la gestion budgétaire a été calamiteuse, devrait assurer le remboursement du déficit publique du prédécesseur ?

Un état n'est jamais en faillite, car personne d'autre que l'état ne peut saisir des biens. L'état fait défaut, et la vie continue.

"Il incombe à chaque génération de payer sa propre dette au fur et à mesure. Un principe qui, s'il était adopté, empêcherait la moitié des guerres dans le monde." Thomas Jefferson

vendredi 11 mai 2012

Droit d'auteur et Internet

TED signifie Technology Entertainment Design. Il s'agit d'une conférence annuelle où plusieurs intervenants font des présentations en temps limité sur la technologie, les distractions (incluant la culture : musique, livre, cinéma, spectacle), et l'esthétisme.

Des sujets variés sont abordés comme "comment lacer correctement ses chaussure", "comment se sécher les main avec une seule serviette en papier" ou des sujet plus sérieux comme "Quelles doivent être les priorités mondiales", sur le SIDA, etc...

Voici deux présentations de TED qui concernent les problèmes de droit d'auteur sur Internet. Ces vidéos ont des sous-titres en français pour ceux qui ne comprennent pas l'anglais.

Lawrence Lessig : doit-on réviser une partie de la propriété intellectuelle ?

Lawrence Lessig est professeur de droit à Harvard.

Il est à noter, qu'en France, le droit de passage est supérieur au droit de propriété, pour atteindre une parcelle est enclavée au milieu d'autres parcelles.

A la demande populaire générale, voici les vidéos utilisées dans la présentation de Lawrence Lessig :

Johanna Blakley : l'absence de droit d'auteur dans la mode, un exemple à suivre ?

La conférence de Johanna Blakley mérite quelques précisions.

S'il est vrai que les carrosseries de voiture ne sont pas protégés par le droit d'auteur dans la plupart des pays, en Allemagne, elles sont protégés pour les véhicules neufs ; le législateur a estimé que la mise en concurrence des fabricants de pièces détachées pour la réparation était plus importante que le droit d'auteur !

En France, les "pièces de rechange visibles" sont soumises au droit d'auteur. L'autorité de la concurrence recommande de copier (c'est la cas de le dire) la législation allemande sur ce sujet.

Concernant, les logiciels libres, c'est tout de même plus subtil et ce n'est pas un refus des droit d'auteur. Les logiciels sous GPL utilisent les droits d'auteur pour forcer tous ceux qui font un travail dérivé d'un programme GPL à fournir les sources en même temps que le programme à celui qui utilise le programme, tout en utilisant cette même licence d'utilisation (la GPL). C'est une utilisation intelligente des droits d'auteur pour imposer une philosophie "hacker" qui est inhérente à Internet.

mercredi 9 mai 2012

Le premier paradis fiscal au Monde : la City de Londres

Un reportage sur la City

Voici un reportage qui présente tout ce qui se passe d'hallucinant dans la cité de Londres.

La City

La citée de Londres est historiquement l'ancien Londres, tout comme nous disons Paris Intramuros. Depuis 1963, les frontières de Londres ont été repoussées pour être renommé en Grand Londres (ou plutôt "Greater London" qui signifie en fait "Plus Grand Londres) qui a 33 arrondissements dont 2 sont nommés "cités", dont la cité de Londres.

En 2000, l'autorité du Grand Londres (le conseil municipale en quelque sorte) a fini par être officialisé et le Maire de Londres règne sur toute la ville-région.

Toute ? Non ! Une poche de résistance historique souvenir de l'époque monarchique résiste encore et encore.

La city a un Lord-Maire. Seul le monarque lui est supérieur. Il est élu chaque année par la compagnie des couleurs qui regroupent les 108 guildes des métiers de la cité de Londres. Pour faire simple, c'est en quelque sorte le président du MEDEF de Londres.

Son rôle est de promouvoir et d'être le porte parole des entreprises de la City : actuellement ce sont majoritairement des entreprises financières. Il prononce 800 discours par ans. Il est plus de 100 jours à l'étranger dans 22 pays. Ils organisent plusieurs banquets par an, dont un où le premier ministre vient faire un discours, un où le Chancelier de l'Échiquier (c'est le nom du ministre des finances et du trésor, l'un des quatre grands ministères, premier ministre inclus) vient aussi faire un discours et un autre banquet où le ministres des affaires étrangère et du Commonwealth vient aussi faire un discours.

La city a aussi un lobbyiste permanent au parlement, qui siège derrière le président de séance : le Remembrancer.

The Paradis Fiscal

L'essayiste français Stéphane Denis écrit en 2008 dans Le Figaro : « Si l’on tient compte des services offerts (secret bancaire, absence de taxes, non-résidence, absence de réglementation), le plus grand paradis fiscal de la planète est la City de Londres. Elle a organisé à la fin des années 1950 la non-réglementation en accaparant le marché des eurodollars ; elle pratique le secret bancaire et l’absence de taxes pour les non-résidents (…). Elle dispose de relais exotiques (Bermudes, Bahamas, Îles Vierges) battant pavillon britannique mais destinés à tromper sa propre réglementation. La Suisse, désignée ces jours-ci comme le premier paradis fiscal avec le Luxembourg, peut, avec raison, faire remarquer qu’elle n’est qu’un coffre fort de famille, à côté de Londres. ».

En 1986, le "big bang financier" de Londres a permis une dérégulation à outrance de la finance londonienne. Le Big Bang est un ensemble de mesures financières ultra-libérales portées par Tatcher, qui ont détaxé et retiré tout contrôle sur le monde financier.

Utilisant la fiscalité complaisante des succursales dans les autres (micro)pays du Commonwealth, les banques de la City de Londres pratiquent l'optimisation fiscale (l'autre nom de l'évasion fiscale) contre leur propre pays.

Un cinquième des hedge-fund mondiaux dont 80% des hedge fund européens sont géré à Londres. La part de marché des échange de gré à gré de produits dérivés est passé de 27% en 1995 à 43% en 2004.

Quand en 2009 les banques sont venues frapper à la porte des états pour "sauver" le système bancaire, le législateur aurait pu siffler la fin de la récré. Malheureusement la droite libérale a préféré prêter sans condition. Du coup tout est reparti de plus belle jusqu'à la prochaine crise.

L'obscurantisme au travers du Commonwealth

Certaines des anciennes colonies et les dépendances de la Couronne britanique ont pour la plupart, la particularité d'appartenir à la fois à la liste des centres financiers "offshore" et au Commonwealth.

Le Commonwealth impose aux états membres le libre-échange. Ainsi l'argent peut très librement circuler vers tous les états du Commonwealth.

Voici les anciennes colonies et les dépendances de la Couronne qui sont devenus des paradis fiscaux :

Voici les anciennes colonies et les dépendances de la Couronne qui sont en train de sortir des listes de paradis fiscaux :

Tous ces paradis fiscaux ne sont plus dans les listes noires, et la plupart vont sortir des listes grises. Mais en réalité ils trichent ! Pour sortir des listes grises il suffit de signer des accords de transparence bancaire avec 12 pays. Or un tiers de ces accords sont passés entre eux.

Ces paradis fiscaux doivent leur fiscalité légère à l'absence de dépenses pour l'armée. A l'image du conflit entre Monaco et la France en 1962, il ne faudrait pas grand chose pour forcer ces paradis fiscaux à livrer leurs secrets bancaires. Mais ces paradis sont en fait protégé par le Royaume-Uni. La guerre de Malouines montre à quel point les britanniques sont pugnaces à défendre un bout de terre ridicule.

Vu le poids politique du monde financier de Londres au travers du Lord-Maire, (sans parler des pots de vin) il est alors très facile de suggérer une fiscalité très complaisante pour les affaires de la City.

Le blanchiment d'argent : un moindre problème

Le problème du blanchiment d'argent est minime face aux autres haut crimes que peut faire la finance.

Le secret bancaire permet de perpétrer de hauts délits à très grande échelle :

  • évasion fiscale
  • manipulation des cours
  • délit d'initié
  • pot de vin
  • produit complexe
Mais alors que le vol d'une pomme ou le téléchargement d'un simple MP3 sont punis d'un an de prison ferme, les délits financiers n'entraînent que des amendes ridicules face aux sommes en jeu.

La City et des hommes

Voici la question d'un journaliste irlandais à Klaus Masuch qui représente la BCE : "Est-ce normal de demander au seul peuple Irlandais de rembourser en milliards d'euros des bons de banque non garantis dans le but d'assurer la solvabilité de l'ensemble des banques européennes, alors que le peuple irlandais n'est absolument responsable de rien dans l'affaire ?"
Klaus Masuch n'a pas contredit les arguments avancés dans la question. Son rôle n'est évidement pas politique, Vincent Brown se méprend là-dessus. On lui donne de l'argent, il le prend. C'est une question à poser aux dirigeants de l'Irlande.

Le cynisme ultralibérale financier de Londres semble considérer comme des sous-homme une partie de la population ; attitude très aristocratique en fait qui s'est déjà vu lors des grèves des mineurs en 1984 et 1985. Ce cynisme peut aussi être vu au travers du traitement de la crise grecque. Le fait qu'il y ait eu récemment un film sur Tatcher ayant même reçu un Oscar n'est pas un bon signe. Comme aurait pu le dire Renaud, traité Margaret Tatcher de pute, est une insulte pour les putes.

La City se gave, mais quand tout va mal, ce sont les peuples qui doivent payer pour que la fête puisse continuer à la City...

mardi 8 mai 2012

Les Patent Trolls

Un "Patent Troll", en français "troll à brevets" est une société sans activité, dont le but est d'accumuler des brevets afin d'attaquer en justice les sociétés qui violent l'un de ces brevets.

Ce terme est en anglais, car ces sociétés existent essentiellement aux États-Unis.

Ces sociétés utilisent plusieurs défauts du système juridique.

Aux États-Unis, le bureau des brevets accorde des brevets pour tout et n'importe quoi. L'augmentation du nombre de demandes de brevets et le manque de moyens du bureau, font que beaucoup de brevets invalides ont été accordés. Le problème est déporté lors des procès, où celui qui est attaqué pour violation d'un brevet doit prouver à son entière charge qu'il ne viole pas le brevet ou que le brevet est invalide. Un brevet est invalide si ce qui est breveté est trop évident ou pas assez innovant.

Aux États-Unis, même si celui qui est attaqué en justice gagne le procès, il paye ses frais d'avocat. De son côté, le patron du Patent Troll est souvent lui-même avocat. Il n'a donc quasiment aucun frais, même s'il perd !

Les procès pour violation de brevet peuvent avoir lieu n'importe où aux États-Unis. Il suffit d'avoir un petit bureau (même vide) dans ce comté pour pouvoir y déposer plainte. Ils choisissent les comtés qui n'ont pas beaucoup de procès à l'année. Il se sont éloignés des frontières et des grandes villes où la drogue et l'immigration illégale sont devenue des priorités politiques.

Mais le Patent Troll n'a pas que cette technique pour dégager de l'argent. Il peut aller voir chaque société et leur proposer de les protéger. Pour un montant forfaitaire, il leur propose d'avoir accès à tous ses brevets. Et en plus, il les protège contre les autres Patent Trolls. Si un autre Patent Troll les menacent, il contre-attaquera directement le Patent Troll ou une société protégée par ce Patent Troll.

Les Patent Trolls s'entendent entre elles pour ne pas attaquer leurs protégés.

Voici une émission de la radio en anglais sur les Patent Trolls.

Voici une vidéo qui explique une méthode pour se débarrasser d'un Patent Troll :

Quelle différence entre un Patent Poll et un Patent Troll

Vous allez trouver des vidéos comme celle-ci ou celle-là, tentant de vous expliquer que le Patent Trolls n'existent pas. (Cette vidéo publicitaire n'est pas mal non plus).

Il n'y aurait donc que des Patent Pools qui protègent les inventeurs. Pourtant certains Patent Pools ont entièrement acheté le brevet. Dans ce cas-là, ils ne défendent plus les intérêts de l'inventeur mais uniquement leur intérêt particulier et uniquement celui-là.

Pour être un Patent Troll, un Patent Pool doit (au choix) :

  • utiliser des brevets évidents ou invalides
  • demander des sommes d'argent qui mettent sur la paille la société attaquée
  • proposer une protection, peu importe ce que fait la société protégée
  • ne jamais aller jusqu'au procès et abuser des accords pour éviter de se faire invalider le brevet
  • abuser des NDA (non diclosure agreement - accord de non divulgation) sur l'accord signé

Un Patent Pool peut devenir un Patent Troll à tout moment. Ce n'est donc qu'une affaire d'appréciation, et pour la plupart des Patent Pools, le Patent Troll, c'est les autres.

En fait, les Patent Trolls utilisent les failles du système de brevet et de la justice américaine.

Voici un exemple de procès a propos d'un brevet ridicule et des quantités d'argent absurdes et élevées :

Voici un article de Richard Stallman traduit en français qui explique l'absurdité de certains brevets, et en particulier, les brevets logiciels dans leur ensemble. Le bureau européen des brevets a accepté de breveter la barre de progression et les paiements par carte. Pousser à l’excès, les brevets empêche toute nouvelle innovation qui réutiliserait une technologie existante pour l'améliorer.