vendredi 20 avril 2012

Comment est élu le président américain ?

Ceci est le début d'une série d'article sur les élections américaines. Pour bien commencer, il faut d'abord comprendre comment marche les élections et le choix des candidats. (Ensuite nous verrons comment marchent les primaires)

En fait voici deux superbes vidéos qui explique clairement comment marchent les élections américaines (aux États-Unis). Mais elles sont en anglais. Je traduis en gros ce que ça raconte en dessous.

Comment marche le collège électoral ?

Les défauts de ce système de vote

Comment marche le collège électoral ?

En fait les américains n'élisent pas directement leur président, ils élisent un collège électoral.

Ce collège est composé de 538 grands électeurs.

538, parce que c'est le nombre de sénateurs (100) plus le nombre de représentants au congrès (438). Ce sont les deux chambres législatives, comme le sénats et l'assemblée nationale en France.

Chaque état a de base 3 grands électeurs, puis le reste est réparti entre les états suivant sa population.

Les trois grands électeurs de base donnent un avantage au états les moins peuplés.

Début novembre, les citoyens de chaque état vote pour dire comment ils veulent que leurs grands électeurs vont voter.

48 des 50 états donnent l'ensemble de leurs grands électeurs au candidat qui a la majorité dans leur état.

Par exemple, la Floride a 29 grands électeurs. Quelque soit la taille de cette majorité, celui qui arrive en premier à l'unique tour des élections, remporte les 29 votes des grands électeurs.

Donc pour gagner sa place à la maison blanche, il suffit d'arriver premier dans suffisamment d'états pour avoir plus de la moitié des votes des grands électeurs.

Ca paraît simple, mais... nous avons sauter quelques détails.

Il y a à peu prés 11 millions de citoyens américains qui ne vivent dans aucun état.

Le district de Columbia qui contient Washington (et uniquement Washington) est un cas particulier, car il n'a aucun homme politique local.

Ses 600 milles habitants ne pouvaient pas voter pour le président. En 1964, un amendement à la constitution leur a été attribué autant de grands électeurs que l'état qui en avait le moins, c'est à dire le Wyoming.

Par contre, Puerto Rico, les Îles Vierges des États-Unis, et les Îles Mariannes du Nord, sont des territoires qui appartiennent aux États-Unis, mais qui n'ont pas le droit de voter pour le président. Un amendement à la constitution est nécessaire pour qu'ils en aient le droit.

Ces territoires comptent 4,4 millions de citoyens américains, ce qui est l'équivalent de la population du Wyoming, du Vermont, du Dakota nord et sud, de l'Alaska et du Delaware... tout additionné.

Par contre, les 6,3 millions de citoyens américains vivant à l’étranger et qui viennent d'un état qui lui permettait de voter, peuvent voter par voie postale dans cet état...

Mais si un citoyen déménage d'un état vers l'un de ces territoires exclus du droit de vote, il perd son droit de voter pour le président...

En fait, ces territoires sont les seules endroits de l'Univers où des américains ne peuvent plus voter pour le président, car même les astronautes peuvent voter.

Ce qui est encore plus compliqué, c'est ce que vont faire les grands électeurs. En fait chaque état vote pour un groupe de personnes choisies par chaque parti politique.

Les grands électeurs promettent de voter conformément au choix des électeurs, mais... ils n'y sont pas obligés.

Les grands électeurs peuvent voter ce qu'ils veulent. Bien que ça n'ait jamais fait basculer une élection par le passé, 87 fois des grands électeurs n'ont pas votés pour le candidat choisi par les électeurs qui l'ont élu.

Pourquoi ce système ?

Parce qu'il a été conçu en 1789. A l'époque, le meilleur moyen de communiquer était de donner une lettre à un coursier à cheval en espérant qu'il soit rapide, qu'il ne rencontre pas d'indiens, ne meure pas de dysenterie ou de tout autre accident.

Le meilleur moyen qu'une élection marche, était de donner une pleine confiance et le pouvoir de changer d'avis à un groupe de grands électeurs, qui ainsi pourrait adapter leur vote en fonction de la situation sur place.

A l'époque des fibres optiques, où l'information voyage à la vitesse de la lumière, cette méthode parait quelque peu dépassé.

Bien que la plupart des américains pensent que l'élection du président a lieu début novembre, le véritable élection avec les 538 grands électeurs a lieu début décembre.

Les défauts de ce système de vote

Un système juste devrait donner autant de poids à chaque vote. Le système du collège électorale pose des problèmes de représentativité de l'opinion publique.

Si les 538 grands électeurs étaient équitablement répartis, ils représenteraient 574 milles personnes chacun. Mais à cause du bonus par état et du découpage, il n'en est rien.

En Ohio, 11,5 millions sont représentés par 18 grands électeurs au lieu de 20.

Rhode Island compte 1,1 millions d'habitants devrait être représenté par 2 grands électeurs. Ils en ont 4 !

Ainsi bon nombre d'état qui devraient avoir un ou deux grands électeurs, en ont trois ou quatre.

La Géorgie, la Virginie, Le Michigan et le New Jersey ont un électeur en moins.

La pennsylvanie, la Caroline du Nord, l'Ohio, et l’Illinois ont deux électeurs en moins. La Floride devrait en avoir quatre de plus. New York, 4. Texas, 6. Et la Californie... 10 !

Ainsi, le vote de certains citoyens américains comptent plus, d'autres comptent moins en fonction du lieu où il habite.

Le vote d'un citoyen du Vermont vaut trois votes d'un citoyen du Texas.

Le vote d'un citoyen du Wyoming vaut quatre votes d'un citoyen de Californie.

On pourrait croire que le but est que le président accorde autant d'importance à chaque état. Il n'en est rien.

Le graphique des visites des candidats à l'élection présidentielle, montre que seuls 18 états sont visités par chaque candidats pendant les deux derniers mois de campagne. Parmi les 18, seulement 2 ont une faible population.

Mais remarquez aussi que les états les plus peuplés comme la Californie, le Texas, et New York ne sont pas visités, eux non plus.

Les états qui sont visités par tous les candidats sont l'Ohio, la Floride, la Pennsylvanie et la Virginie.

Et si vous regardez où sont investis les budgets de campagne, c'est la même histoire.

C'est le système du collège électoral qui fait ça.

Le gagnant prend tout. S'il dépasse 50% dans un état, il gagne 100% des votes de l'état. Gagner un état d'un vote de différence ou de un million ne change rien.

Donc les candidats peuvent se passer de faire campagne dans les états où ils vont largement l'emporter.

Ils concentrent tous leur effort dans très peu d'états.

Mais dans ce cas, les candidats n'iraient plus que dans les grandes villes, non ?

New York a 8 millions d'habitants, soit 2,6% de la population des États Unis. C'est de loin la plus grosse vile du pays. Mais ensuite, la population des villes suivantes descend rapidement.

Los Angeles : 3,8 millions
Chicago : 2,7 millions
etc... à partir de la dixième ville, la population est inférieure à un million.

Ces dix villes les plus peuplées représentent 7,9% des votants, ce qui n'est pas assez pour gagner.

Les 90 plus grosses villes représentent 20% de la population totale.

Il est donc ridicule de croire qu'un président va gagner une élection en ne visitant que New York, Los Angeles et Chicago.

Par contre, le système actuel permet de remporter l'élection avec seulement 22% des votes de la population.

Commençons par le Wyoming, 0,18% de la population des États Unis mais 0,56% des grands électeurs. Pour gagner tous les électeurs, il suffit de convaincre 0,09% de la population.

Ensuite, le district de Columbia où il suffit de convaincre 0,1% de la population des États Unis pour gagner 0.56% des grands électeurs.

Ajoutez le Vermont, le Dakota du Nord, l'Alaska, le Dakota du Sud, le Delaware, le Montana, Rhode Island, le New Hampshire, le Maine, Hawaii, l'Idaho, le Nebraska, la Virginie de l'Ouest, New Mexico, le Nevada, l'Utah, le Kansas, l'Arkansas, le Mississippi, l'Iowa, le Connecticut, l'Oklahoma, l'Oregon, le Kentucky, la Louisiane, la Caroline du Sud, l'Alabama, le Colorado, le Minnesota, le Wisconsin, le Maryland, le Missouri, le Tennessee, l'Arizona, l'Indiana, le Massachusetts, la Virginie, et le New Jersey.

Ainsi, le président est élu, même si 78% de la population a voté contre lui !

Même si cette situation extrême est improbable, le système actuel le permet.

Trois fois dans l'histoire des États-Unis, le candidat ayant eu le plus de suffrage des citoyens n'a pas été le vainqueur désigné.

3 sur 55 élections, c'est 5%.

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