mercredi 2 mai 2012

Des économistes "neutres" au secours de Nicolas Sarkozy... Vraiment neutres ?

La bonne blague du jour : une lettre ouvertes a été publiée dans le Monde intitulée, "Economistes, sans parti pris idéologique, nous soutenons Sarkozy"

Sans parti-pris ? Vraiment ?

Il est vraie que l'économie, la vraie, est une science qui se contente d'observer et de modéliser. Mais, l'économie est une science dite "molle", car elle repose sur quelque chose de trop peu prédictible : le comportement sociale de l'homme. Dès lors, estimer qu'une politique de gauche ou de droite est meilleur relève entièrement... d'un pur avis politique ! (La boucle est bouclée, qui l'eût cru !)

Il n'y a rien de moins apolitique que l'économiste qui veut influencer le futur : c'est la définition de la politique économique. Le marxisme, le libéralisme économique sont des exemples de philosophies économiques et politiques, et ça fait depuis plus d'un siècle et demi que personne n'a réussi à prouver qu'une philosophie était meilleure qu'une autre.

Le comble de la mauvaise foi étant atteint quand ils se disent à la fois apolitique et s'opposer à la lettre ouverte des économistes de gauche.

Voyons qui sont les auteurs...

Bernard Belloc : ils suffit d'aller sur wikipedia pour voir qu'il est conseiller « Université et recherche » du Président de la République, Nicolas Sarkozy. Il est l'un des principaux réformateurs de l'université.

Marc Ivaldi : un coup de Google permet de voir qu'il était le représentant de Valérie Pécresse, l'actuelle ministre du budget (comme indiqué dans son CV), mais à l'époque ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Autant dire qu'il a participé à la reforme des universités.

Philippe Mongin : selon wikipedia, il est membre du conseil d'analyse économique du premier ministre. Il a pris parti pour le "Contrat Nouvelle Embauche" de Dominique de Villepin, qui consistait à payer les jeunes sous le SMIC. Un contournement du SMIC sans le dire. Il a participé à la création du RSA.

Philippe Trainar : il est lui aussi membre du conseil d'analyse économique du premier ministre. L'avantage c'est qu'il a son CV en ligne :-) Il est menbre d'au moins 4 commissions en même temps : Conseil d’orientation des retraites (depuis 2004), de la Commission économique de la Nation (depuis 2005) et du Conseil des prélèvements obligatoires (depuis 2006). Mais il est aussi membre du comité de direction de SCOR (depuis 2006), une société liée aux assurances vie, vieillesse, accident, mais aussi et sans aucun doute aux complémentaires retraite : faire partie du COR qui a conseillé le gouvernement sur la réforme des retraites et d'une société de réassurance, ressemble à du conflit d'intérêt, non ?

Philippe Chalmin : selon wikipedia, il est au conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre

Jacques Crémer : il s'est fait allumé par Bluetouff pour sa conception très légère de la vie privée.

David Encaoua : spécialiste de la propriété intellectuel. Il a participé à un rapport du conseil d'analyse économique.

Claude Gamel : conseiller régional RPR en 2001

Je compléterai sans doute plus tard pour les autres...

Vu qu'ils ont quasiment tous participé aux réformes citées (RSA, Universités, retraites, crédit impôt recherche...) de la politique économique du gouvernement, ils auraient du mal à se désavouer, maintenant.

On a déjà vu mieux pour un point de vue neutre !

De plus toutes ses mesures ont été critiquées.

Crédit impôt recherche ? attribuée sans réel contrôle ni obligation de résultat, les effectifs de pseudo-chercheurs sont gonflés dans les entreprises l'utilisant. Elle est attribuée à des recherches qui auraient de toute façon été menées, quand ce n'est pas détourné par les sociétés de service informatique pour rentabiliser les inter-contrats pendant qu'ils ne font rien.

Universités ? Une volonté de transformer les universités françaises en universités anglosaxones. Un modèle qui avantage les plus fortunés ou qui soumet à la dette les futurs diplômés.

Les retraites ? La réforme qui a suscité parmi les plus grosses manifestations de l'histoire française. Il n'y a que Nicolas Sarkozy pour se répéter tout le temps qu'elle n'a pas existé.

Le RSA ? Il pousse à accepter des emplois à temps partiel. Le projet d'obliger à avoir un temps de travail minimum pour toucher le RSA voulu par le gouvernement est inapplicable dans bon nombre de cas. Le chômage est plus souvent subi que voulu, notamment chez les malades de longue durée (cancer, sida), les femmes ne pouvant faire garder leurs enfants, etc. La manière dont est mise en place le RSA part du mythe libérale du chômage volontaire, le mythe de l'"assistanat".

HADOPI ? Une haute autorité, dont l'impact reste à démontrer. D'ailleurs, l'absence d'impact de la fermeture de MegaUpload démontre l'inutilité des politiques anti-piratage.

Le grand emprunt, qui s'appelle maintenant "les Investissements d’avenir" ? Owni indique qu'aucun contrôle n'a été mis en place. Il a servi à financer des projets déjà prévus avant sa mise en place, au financement prévu par ailleurs, non prévu voir même annulé précédemment. Le grand emprunt est un montage servant à contourner le contrôle de l'assemblée nationale et éviter tout débat sur les universités.

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