mercredi 9 mai 2012

Le premier paradis fiscal au Monde : la City de Londres

Un reportage sur la City

Voici un reportage qui présente tout ce qui se passe d'hallucinant dans la cité de Londres.

La City

La citée de Londres est historiquement l'ancien Londres, tout comme nous disons Paris Intramuros. Depuis 1963, les frontières de Londres ont été repoussées pour être renommé en Grand Londres (ou plutôt "Greater London" qui signifie en fait "Plus Grand Londres) qui a 33 arrondissements dont 2 sont nommés "cités", dont la cité de Londres.

En 2000, l'autorité du Grand Londres (le conseil municipale en quelque sorte) a fini par être officialisé et le Maire de Londres règne sur toute la ville-région.

Toute ? Non ! Une poche de résistance historique souvenir de l'époque monarchique résiste encore et encore.

La city a un Lord-Maire. Seul le monarque lui est supérieur. Il est élu chaque année par la compagnie des couleurs qui regroupent les 108 guildes des métiers de la cité de Londres. Pour faire simple, c'est en quelque sorte le président du MEDEF de Londres.

Son rôle est de promouvoir et d'être le porte parole des entreprises de la City : actuellement ce sont majoritairement des entreprises financières. Il prononce 800 discours par ans. Il est plus de 100 jours à l'étranger dans 22 pays. Ils organisent plusieurs banquets par an, dont un où le premier ministre vient faire un discours, un où le Chancelier de l'Échiquier (c'est le nom du ministre des finances et du trésor, l'un des quatre grands ministères, premier ministre inclus) vient aussi faire un discours et un autre banquet où le ministres des affaires étrangère et du Commonwealth vient aussi faire un discours.

La city a aussi un lobbyiste permanent au parlement, qui siège derrière le président de séance : le Remembrancer.

The Paradis Fiscal

L'essayiste français Stéphane Denis écrit en 2008 dans Le Figaro : « Si l’on tient compte des services offerts (secret bancaire, absence de taxes, non-résidence, absence de réglementation), le plus grand paradis fiscal de la planète est la City de Londres. Elle a organisé à la fin des années 1950 la non-réglementation en accaparant le marché des eurodollars ; elle pratique le secret bancaire et l’absence de taxes pour les non-résidents (…). Elle dispose de relais exotiques (Bermudes, Bahamas, Îles Vierges) battant pavillon britannique mais destinés à tromper sa propre réglementation. La Suisse, désignée ces jours-ci comme le premier paradis fiscal avec le Luxembourg, peut, avec raison, faire remarquer qu’elle n’est qu’un coffre fort de famille, à côté de Londres. ».

En 1986, le "big bang financier" de Londres a permis une dérégulation à outrance de la finance londonienne. Le Big Bang est un ensemble de mesures financières ultra-libérales portées par Tatcher, qui ont détaxé et retiré tout contrôle sur le monde financier.

Utilisant la fiscalité complaisante des succursales dans les autres (micro)pays du Commonwealth, les banques de la City de Londres pratiquent l'optimisation fiscale (l'autre nom de l'évasion fiscale) contre leur propre pays.

Un cinquième des hedge-fund mondiaux dont 80% des hedge fund européens sont géré à Londres. La part de marché des échange de gré à gré de produits dérivés est passé de 27% en 1995 à 43% en 2004.

Quand en 2009 les banques sont venues frapper à la porte des états pour "sauver" le système bancaire, le législateur aurait pu siffler la fin de la récré. Malheureusement la droite libérale a préféré prêter sans condition. Du coup tout est reparti de plus belle jusqu'à la prochaine crise.

L'obscurantisme au travers du Commonwealth

Certaines des anciennes colonies et les dépendances de la Couronne britanique ont pour la plupart, la particularité d'appartenir à la fois à la liste des centres financiers "offshore" et au Commonwealth.

Le Commonwealth impose aux états membres le libre-échange. Ainsi l'argent peut très librement circuler vers tous les états du Commonwealth.

Voici les anciennes colonies et les dépendances de la Couronne qui sont devenus des paradis fiscaux :

Voici les anciennes colonies et les dépendances de la Couronne qui sont en train de sortir des listes de paradis fiscaux :

Tous ces paradis fiscaux ne sont plus dans les listes noires, et la plupart vont sortir des listes grises. Mais en réalité ils trichent ! Pour sortir des listes grises il suffit de signer des accords de transparence bancaire avec 12 pays. Or un tiers de ces accords sont passés entre eux.

Ces paradis fiscaux doivent leur fiscalité légère à l'absence de dépenses pour l'armée. A l'image du conflit entre Monaco et la France en 1962, il ne faudrait pas grand chose pour forcer ces paradis fiscaux à livrer leurs secrets bancaires. Mais ces paradis sont en fait protégé par le Royaume-Uni. La guerre de Malouines montre à quel point les britanniques sont pugnaces à défendre un bout de terre ridicule.

Vu le poids politique du monde financier de Londres au travers du Lord-Maire, (sans parler des pots de vin) il est alors très facile de suggérer une fiscalité très complaisante pour les affaires de la City.

Le blanchiment d'argent : un moindre problème

Le problème du blanchiment d'argent est minime face aux autres haut crimes que peut faire la finance.

Le secret bancaire permet de perpétrer de hauts délits à très grande échelle :

  • évasion fiscale
  • manipulation des cours
  • délit d'initié
  • pot de vin
  • produit complexe
Mais alors que le vol d'une pomme ou le téléchargement d'un simple MP3 sont punis d'un an de prison ferme, les délits financiers n'entraînent que des amendes ridicules face aux sommes en jeu.

La City et des hommes

Voici la question d'un journaliste irlandais à Klaus Masuch qui représente la BCE : "Est-ce normal de demander au seul peuple Irlandais de rembourser en milliards d'euros des bons de banque non garantis dans le but d'assurer la solvabilité de l'ensemble des banques européennes, alors que le peuple irlandais n'est absolument responsable de rien dans l'affaire ?"
Klaus Masuch n'a pas contredit les arguments avancés dans la question. Son rôle n'est évidement pas politique, Vincent Brown se méprend là-dessus. On lui donne de l'argent, il le prend. C'est une question à poser aux dirigeants de l'Irlande.

Le cynisme ultralibérale financier de Londres semble considérer comme des sous-homme une partie de la population ; attitude très aristocratique en fait qui s'est déjà vu lors des grèves des mineurs en 1984 et 1985. Ce cynisme peut aussi être vu au travers du traitement de la crise grecque. Le fait qu'il y ait eu récemment un film sur Tatcher ayant même reçu un Oscar n'est pas un bon signe. Comme aurait pu le dire Renaud, traité Margaret Tatcher de pute, est une insulte pour les putes.

La City se gave, mais quand tout va mal, ce sont les peuples qui doivent payer pour que la fête puisse continuer à la City...

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