jeudi 31 mai 2012

Pierre Lescure ou quand canal aurait eu de l'esprit

Pierre Lescure, après 18 ans à la direction de canal+ a su s'attirer la sympathie de ses employés. Il a fait beaucoup parler de lui au moment où il s'est fait virer, comme vous pouvez le voire ci-dessous :

On aurait presque envie de le défendre. Mais bon, j'aurai toujours du mal à défendre quelqu'un qui touche en un an, ce qu'un smicard ne touchera jamais durant toute sa vie. Notez aussi qu'il est un ami de Denis Olivennes, le grand responsable du rapport du même nom, rempli de mensonges des lobbys des média qui a donné la loi HADOPI. Pierre Lescure a organisé (pour ne pas dire magouillé) le départ de Denis Olivéennes de Canal+ en ajoutant une prime de départ (ou parachute doré) juste avant de le virer. Mais avec ses 2,9 millions d'euros de prime de départ, Pierre Lescure a touché en quelques secondes 5 à 6 vies de salaire de smicards.

Il doit dire merci aux employés de Canal+, qui lui ont permis de négocier à la hausse cette prime de départ. Car s'il a été viré, c'est probablement parce que Jean-Marie Messier lui avait demandé de réduire ses dépenses face à la crise de 2001. Après 18 ans de carrière, peut-être que ce départ arrangeait même Pierre Lescure.

Canal+ a vécu sur un monopole garanti par l'état : à la création de Canal+, il n'y avait que 3 chaînes de télévision Hertzienne, pas de satellite, ni de câble ! Pendant longtemps il n'y a eu que 6 chaînes en France, dont une seule était payante, mais surtout Canal+ était la chaîne payante la plus chère au Monde, et de loin. J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi en France, on ne prélève pas plus d'impôts sur ces sociétés qui se font des c*$#ll€s en or, sur un monopole garanti par l'état...

Jusqu'en 2001, le groupe Canal+ surfe sur la bulle Internet : ils sont fournisseur de contenu. Mais surtout depuis 1987, la compagnie des eaux (future Vivendi) fonde SFR pour la téléphonie mobile. Ils fonderont aussi Cegetel, pour la téléphonie fixe. Vivendi achète 55% d'AOL-Europe via Cegetel et Canal+ en 1998. AOL était le premier fournisseur d'accès à Internet en Amérique du Nord.

La boulimie des fusion-acquisition s'emballe. Le groupe Canal+-Vivendi-Universal touche à tous les domaines de l'industrie du droit d'auteur : musique, cinéma, chaîne hertzienne, satellite et câble, producteur d'émissions, fournisseur d'accès à Internet, etc...

Ça, c'est la version courte ; voici une version longue simplifiée :

Mais le 11 septembre 2001, patatras ! Le belle édifice du groupe s'effondre face à l'éclatement de la bulle Internet. Le groupe accumule les pertes de valeur de ces investissements. Une vision purement financière, car la chaîne en elle-même réalise toujours le même chiffre d'affaire.

La vidéo suivante présente la "Media Web Box". Tout un symbole ! OK, ce produit n'est jamais sorti. Mais il est visiblement là pour concurrencer le TiVo aux Etats-Unis : ce boitier capable d'enregistrer la télé avec un disque dur. Mieux qu'un magnétoscope, puisqu'il permet en plus d'enregistrer des programmes quand vous n'êtes pas là, de les enregistrer quand vous allez au toilettes puis de le regarder pendant qu'il continue d'enregistrer la suite : c'est le décalage temporel : une révolution !

Sauf que là c'était une réaction (ah, ces réactionnaires) pour le marché américain. Il était hors de question de le sortir en France. Heureusement que Iliad Free est arrivé !

L'émission suivante représente bien tout ce qu'on reproche à Pierre Lescure : d'être l'homme du passé. Je voulais inclure cette vidéo en sautant directement à l'extrait où Pierre Lescure est interviewé, mais finalement, le début est tellement énorme, que ça vaut le coup de tout garder.

Vous ne rêvez pas : non seulement ils nous présentent l'ancêtre du MP3 et du CD : les disques en vinyle. Mais en plus, ils nous font passer leurs défauts pour des qualités ! Une sorte de sadomasochisme qu'ils voudraient infligé aux nouvelles générations. Du grand conservatisme dans toute sa splendeur, qui utilise de magnifiques mots comme "mythologie", "grand classique"...

J'appelle cette tournure d'esprit, l'effet bizutage : nous avons soufferts étant jeunes, il faut que ceux qui nous suivent, souffrent comme nous pour qu'ils apprécient ce qu'on leur laisse... Et ils s'étonnent que les jeunes leur disent "non". Ben non, avec Internet, nous avons tous accès à tout ce qui a été et est actuellement produit, quasiment instantanément et gratuitement.

Si on ne s'appelait pas Pierre Lescure avec un salaire mirobolant, on n'achetait pas plus d'un disque par an.

  • pas duplicable à l'infini ? Mince, il n'a jamais entendu parler des cartes son sur tous les PC du monde !
  • une qualité qu'on ne retrouve pas dans les autres support ? Dire que juste après ils nous explique que le frottement du diamant sur le vinyle produit un son même quand il n'y a rien ! Mais un fichier MP3 n'est d'ailleurs pas un "support" : le support c'est le disque dur ou la mémoire flash. S'il est vrai que le MP3 est de qualité variable, les studios d'enregistrement et tous les professionnelles de la musique enregistrent, mixent et materisent uniquement sous format numérique. Pourquoi ? Par gain de temps et parce que le numérique ne perd pas en qualité à chaque étape !
  • De vraies belles pochettes ? Ben justement, la place que ça prend peut sembler excessive.
  • Nombre de morceaux ? Durée ? C'était simplement des limites physiques imposées par les supports. Le génie consiste effectivement à faire quelque chose de beau malgré les contraintes physiques externes à l'art. C'est comme si à un moment donné, on ne savait que construire des toiles blanches en 10 cm sur 10 cm et que le jour où chaque artiste peut choisir la taille qu'il veut, on dise que c'était beaucoup mieux en 10 sur 10...
  • Type de consommation ? Oui, elle a changé. A l'époque du Top 50, les disques étaient majoritairement offerts. De fait, ce n'était pas la qualité qui primait, mais le cadeau potache ("Du rhum des femmes"), les cadeaux aux enfants ("Les bêtises"). Vu qu'on ne s'achetait pas tous les jours un disque (plutôt un ou deux par an), on en profitait longtemps...
  • On ne pouvait pas sauter certains titres, qui n'étaient pas des hits mais faisaient la transition. Ils oublient qu'il y avait aussi des albums qui n'avait qu'une chanson bien.

Le comble de la mauvaise foi est atteint quand on nous explique qu'un CD rayé ressemble au "remix d'un versaillais"... Mais un vinyle rayé dans le meilleur des cas produira un gros scratch toutes les une à deux secondes. Dans le pire des cas, le disque sautera d'une à plusieurs seconde en avant ou en arrière. Une rayure sur un disque vinyle, lui est fatale, tandis qu'un CD il lui en faut plus d'une pour être moins lisible.

Quant à Pierre Lescure et les conseils du disquaire, peut-être pense-t-il qu'Internet ne sert pas à communiquer, notamment ses goûts musicaux, à échanger des idées et à découvrir directement de nouveaux groupes...

Pour finir, nous ne passerons pas à côté du grand chef d'oeuvre de Pierre Lescure : le TOP 50. Et voici quelques propositions pour la musique de Marc Toescer, qui n'ont que dix ans de retard...

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